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Qu’est-ce que la conscience pour la psychanalyse ?
La conscience, c’est en premier lieu la conscience de soi. Celle qu’a le sujet de lui-même. C’est un paramètre identitaire, comme toujours fictionnel, car construit essentiellement par le langage.
Belgique | Touche pas à ma conduite, écoute d’abord ce qu’elle tait
- Trouble de la conduite: un diagnostic troublant qui fait l’amalgame entre maladie psychique et comportement déviant
- Les impasses d’une hyper-médication de la souffrance psychique chez l’enfant
- Les dérives d’un dépistage précoce de la délinquance
- Non à l’homme machine et au tout quantifiable.
Norme psychiatrique en vue – Entretien avec Roland Gori
Nous sommes entrés dans l’ère d’une psychiatrie postmoderne, qui veut allouer, sous le terme de " santé mentale ", une dimension médicale et scientifique à la psychiatrie. Jusqu’à présent, cette discipline s’intéressait à la souffrance psychique des individus, avec le souci d’une description fine de leurs symptômes, au cas par cas. Depuis l’avènement du concept de santé mentale, émerge une conception épidémiologique de la psychiatrie, centrée sur le dépistage le plus étendu possible des anomalies de comportement. Dès lors, il n’est plus besoin de s’interroger sur les conditions tragiques de l’existence, sur l’angoisse, la culpabilité, la honte ou la faute ; il suffit de prendre les choses au ras du comportement des individus et de tenter de les réadapter si besoin.
Les victimes collatérales du JT
Les enfants de quatre ans qui regardent le journal télévisé présentent deux différences majeures par rapport à ceux qui ne le regardent pas(1) : ils ont d’abord tendance à s’imaginer beaucoup plus souvent en situation de victime, mais lorsqu’on les invite à privilégier une posture parmi plusieurs, ils plébiscitent celle de redresseur de tort. Cette étude confirme celles qui indiquent que le profil rêvé de la majorité des jeunes français est le héros humanitaire. Mais « rêver » d’être un tel héros est souvent une façon de tenter d’échapper à un présent angoissant. Et tel est bien la situation de tous les enfants qui s’imaginent victimes. Rien ne prouve pourtant que ce soit le fait de regarder les actualités télévisées qui produisent cet effet, car le fait de laisser un enfant regarder ces programmes peut être un élément parmi d’autres d’un système d’interactions familiales susceptible de générer une posture victimaire chez un enfant. Cette posture, et le fait de regarder les actualités, seraient alors deux conséquences parallèles d’un certain système éducatif.
Les chercheurs semblent malheureusement plus intéressés à étudier les conséquences des images quand elles s’exercent dans le sens des comportements antisociaux que dans le sens de la dépression ou de la soumission, et pourtant, ce danger est tout aussi grand.
Tisseron S. et collègues, étude menée en 2007 et 2008 sur trois écoles maternelles de Paris, Argenteuil et Gonesse (95). (A paraître).
Sex in the screen
Un spectacle de télévision, quel qu’il soit, propose des modèles. C’est la conclusion à laquelle sont arrivés les premiers travaux menés sur la télévision, aux USA(1) et en Angleterre(2) , à la fin des années 1950 et au début des années 1960. Hilde Himmelweit et ses collègues, à l’origine de l’étude anglaise, notent par exemple que la télévision exerce « une influence considérable sur la conception que les enfants se font du travail, de la réussite sociale ».
En fait, les enfants qui possèdent le langage mémorisent des enchaînements qui constituent les unités de base de leur développement cognitif et de leur mémoire autobiographique . Il peut s’agir d’événements qu’ils ont réellement vécus, ou d’événements qu’ils ont vus représentés dans un dessin animé ou un film. Par exemple, le déroulement d’un anniversaire implique d’accueillir les invités, d’ouvrir les cadeaux de chanter « joyeux anniversaire », de souffler les bougies, de couper le gâteau et de le manger. Mais il peut s’agir aussi d’une séquence événementielle vue dans un film : par exemple, sourire à quelqu’un qui vous a insulté, puis l’attaquer aussitôt qu’il a le dos tourné. Ces séquences présentent un danger d’autant plus grand d’être constituées en référence qu’elles sont vues par un jeune enfant en train de constituer ses premières unités cognitives et émotionnelles de base. Plusieurs études ont approfondi cet aspect de l’influence télévisuelle. Contentons-nous d’un seul exemple, le plus récent à notre connaissance(3) . Parmi tous les enfants qui regardent beaucoup les dessins animés, les garçons présentent un risque élevé de devenir violents à l’adolescence, alors que ce risque n’existe pas chez les filles. En fait, la raison de cette différence se trouve dans les programmes eux-mêmes. La plupart des dessins animés pour enfants exaltent l’hyper puissance des héros masculins tandis que les héroïnes sont souvent réduites à de super fées, quand ce n’est pas à de simples figurantes rimelisées. Les garçons qui regardent ces séries sont invités à s’identifier à des personnages invincibles et ont, du coup, tendance à recourir à la violence plus facilement puisqu’ils se rêvent invulnérables. En revanche, les filles invitées à s’identifier à des poupées ne courent pas le même risque. Bien sûr, ces programmes ont forcément des effets sur elles aussi, mais ils n’ont fait, à ma connaissance, l’objet d’aucune étude…
1. Schram W., Lyle J. et Parker E.B., Television in the lives of our Children, Stanford University Press, 1961.
2. Himmelweit H., Oppenheim A.N. et Vince P., Television and the Child: and Empirical Study of the Effect of Television on the Young, London School of Economics and Political Science, 1958.
3. Nelson, K. and Greundel, J.M. (1981), Generalized event representations : Basic building bloks of cognitive development, in M.E. Lamb and A.L. Brown (Eds), Advances in development psychology, Vol.1, Hillesdale, NJ, Erlbaum.
La psychanalyse permet-elle de réaliser ses désirs ?
Soigner avec les jeux video
Un récent article du Journal Le Monde(1) évoquait la création d’une « clinique du virtuel » « pour soigner les enfants en difficulté ». Le style affirmatif du titre ne laissait planer aucun doute sur la légitimité du projet, tandis que la question de savoir qui le finançait n’était même pas évoquée. Pourtant, l’entreprise pose bien des questions.
Le pouvoir du présentateur télévisé
Le visage du présentateur qui regarde chaque téléspectateur dans les yeux a le pouvoir de réveiller chez lui un souvenir enfoui, mais prompt à être réactivé : celui du visage(1) qui lui signifiait, par ses mimiques et ses intonations, quand il était enfant, la valeur affective à accorder à chaque événement nouveau. A cette époque, lorsque surgissait un imprévu, une mimique souriante et une voix détendue signifiaient à l’enfant qu’il ne fallait pas s’inquiéter. Au contraire, un léger froncement de sourcil et une voix un peu plus forte alertaient sur un danger possible.
Nous avons tous oublié ce premier visage-, mais la vue en gros plan du présentateur télévisé en réactive la mémoire. C’est que, aujourd’hui comme jadis, un monde incompréhensible insécurise, voire paralyse. Nous avons non seulement besoin de connaître ce qui arrive, mais aussi de savoir si nous devons nous en réjouir ou nous en inquiéter. Alors le présentateur paraît…. Tel est son pouvoir, que bien des politiques lui envient et qui le rend si redoutable. Les figures rondes des dessins animés pour enfants, qui leur parlent les yeux dans les yeux avec des mimiques fortement expressives, en sont les précurseurs. Comme eux, les présentateurs télévisés qui évitent de dire trop nettement « ce qu’il faut penser », font largement comprendre, par leurs mimiques et leurs intonations, ce qu’il faut « éprouver ». Et c’est finalement la même chose.
(1) Celui de notre mère, le plus souvent, mais ce pouvait tout aussi bien être celui d’un père, d’une sœur plus âgée ou d’un grand-parent
Jung | Deirdre Bair
Deirdre Bair, « Jung », Coll. « Grandes biographies », Editions Flammarion, 2008, 1312 p., 39 euros.
Si l’histoire -et les historiens- de la psychanalyse les opposent résolument, un point commun réunit cependant Sigmund Freud et Carl Gustav Jung : la difficulté d’écrire leur biographie. En dépit du travail considérable d’Ernest Jones, le fondateur viennois de la psychanalyse se plaisait à expliquer à son proche entourage qu’il ne « faciliterait pas la tâche de ses biographes ». Entre les lettres et les documents brûlés volontairement dès le commencement de sa vie professionnelle et les autres correspondances qui devront attendre le siècle prochain pour être accessibles au public, Freud -et ses descendants- pavèrent en quelque sorte la voie à Carl Gustav Jung. Ce dernier rejeta en effet plusieurs propositions destinées à rendre compte de son œuvre. Personne n’était capable, selon lui, de produire cette « synthèse psychologique » reposant sur des « connaissances égales aux siennes » en psychologie primitive, en mythologie, en histoire, en parapsychologie et en sciences. Il convient donc de saluer l’immense travail accompli par Deirdre Bair, ancienne Professeur aux Universités Yale et Columbia, pour sa minutieuse étude biographique -plus de mille pages !- sur la vie et les travaux de « Jung ». Parue aux éditions Flammarion, cette recherche s’impose non seulement en raison de son caractère fouillé mais également parce qu’elle a su, sans jamais les perdre complètement de vue, quitter les rivages balisés et reconnus du freudisme pour s’imprégner de l’univers plus ésotérique du psychiatre suisse.
Le formatage affinitaire
Ce n’est un secret pour personne que la rédaction de nombreux journaux – papiers ou audiovisuels – choisissent leurs sujets en fonction des attentes des usagers. La « une » doit retenir l’attention du plus grand nombre possible de personnes, et elle le fait d’autant mieux qu’elle correspond aux attentes d’une majorité de consommateurs. L’omniprésence de la vie privée du Chef de l’Etat français dans les médias s’expliquerait ainsi, paraît-il, par une forte attente de la majorité du public. On peut bien sûr s’interroger sur le problème de savoir si le rôle de l’information est bien de proposer ce qu’une majorité de gens attendent. Mais la question va plus loin : en éveillant la curiosité du public par des titres accrocheurs – et souvent mensonger – et en le tenant en haleine sur des faits très secondaires, ces médias entretiennent évidemment la tendance qu’ils prétendent suivre, voire la suscite chez des personnes qui, sans cela, n’auraient pas songé à s’en préoccuper. Cette propension des médias à alimenter la restriction des intérêts de chacun est malheureusement sur le point de trouver un allié de choix dans ce qu’on appelle l’Internet et le mobile « affinitaires ». Bientôt, les ordinateurs embarqués dans nos machines quotidiennes apprendront à repérer les sujets qui nous intéressent… afin de nous les proposer en priorité. Le risque est évidemment que ceux qui n’aiment que les concours canins et les matchs de foot finissent par croire que le monde s’y réduit… tout au moins jusqu’à ce qu’un événement d’une gravité extrême ne leur rappelle que la réalité ne se laisse pas oublier si facilement !