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La télé comme un livre d’images

Nous croyons parfois que quand il y a un écran allumé chez nous, il est fait pour être regardé. C’est une erreur. Quand un écran est allumé, il n’est pas fait pour être regardé, mais pour être commenté. C’est toute la différence entre la télé et le cinéma.
Au cinéma, les gens ont payé leur place. S’il vous prend l’idée de commenter l’action au fur et à mesure avec votre bambin à côté de vous, les autres spectateurs vont évidemment vous demander de vous taire en vous disant qu’ils ont le droit de regarder le film sans être dérangés. En revanche, même si un adulte ne regarde la télévision qu’un quart d’heure par jour avec son enfant, il est très important que pendant ce laps de temps, il adopte une attitude active. Il doit donner son jugement sur les images, et inviter l’enfant à faire de même, afin que celles-ci deviennent un support d’échanges et non pas de fascination.
En fait, le modèle que nous devons apprendre à développer vis-à-vis des écrans est celui d’un livre d’images. Lorsqu’un parent ouvre un livre d’images avec un enfant, ce n’est pas pour se contenter de le regarder en silence. Mon fils, il y a très longtemps, me disait : « Papa, fais la parole ! ». Le tout-petit attend du parent qu’il mette sur les images des mots qui lui sont directement destinés, qui sont des mots qu’il est capable de comprendre et qui l’introduisent à une relation médiatisée par les écrans. Nous devons apprendre à regarder tous les écrans domestiques qui nous entourent comme on feuillette un livre d’images ou comme on va voir une exposition de photos avec des amis, c’est-à-dire comme un support de communication.

Le psychanalyste face au « manque » de l’héroïnomane

Lorsqu’un héroïnomane se présente dans un centre de soins spécialisés aux toxicomanes, il verbalise le souhait d’être protégé de la douleur du « manque » qu’il éprouve en cas d’arrêt ou d’insuffisance de sa consommation de substances opiacées. Certes, la mise en place d’une cure de sevrage en milieu hospitalier ou d’un traitement de substitution apporte une réponse efficace à l’aspect physiologique du syndrome de sevrage, mais la répétition à plus ou moins long terme du comportement addictif montre qu’une douleur en cache ici une autre, que celle du corps masque et exhibe, tour à tour ou de façon simultanée, celle de l’esprit et que cette dernière requiert, quant à elle, une réponse psychologique : c’est à cet endroit que la psychanalyse peut s’en mêler !

Le Roi nous dit qu’il n’est pas nécessaire d’être un héros ou un saint pour tenir sa place – Entretien avec Vincent Magos

Emmanuelle Jowa s’entretient avec Vincent Magos pour Paris Match (10-04-2008)

[Contexte : " La fille présumée du Roi Albert II raconte son passé et ses souffrances dans un livre choc"]

Que connaissez-vous du "cas" Delphine Boël ?

Pas grand chose et, il faut vous dire d’emblée que le terme de « cas » pose bien la question. C’est un terme que les psychanalystes n’utilisent jamais, notamment car il n’y a pas moyen de réduire la complexité d’une personne à un cas. De même l’histoire d’une personne, Delphine Boël ici, ne permet pas de dégager des considérations qui seraient valables pour quelqu’un d’autre.

Quelle est la place de la sexualité dans la psychanalyse ?

Répondre à cette question engage à vrai dire toute une conception de la psychanalyse, en théorie autant qu’en pratique, car elle touche à son aspect majeur, on pourrait même dire à son invention. Freud a en effet pu dire, à certain moment, qu’il n’avait eu, finalement, qu’une seule idée pour guide de sa création de la psychanalyse, c’est celle du sexuel infantile. Mais qu’entendait-il par là ?

Les biscuits de papier sont tellement plus beaux !

Si un bébé voit une magnifique publicité pour des biscuits qu’il connaît, il risque d’essayer de les prendre avec sa petite main sur la page de papier glacé. C’est bien sûr la preuve qu’il ne fait pas encore bien la distinction entre les biscuits réels et l’image des biscuits. Il est tentant de rire de la naïveté de l’enfant, mais ce serait une erreur parce que même tout petit, celui-ci est extrêmement sensible aux manifestations d’ironie qu’il perçoit chez ses parents. En revanche, ceux-ci peuvent efficacement accompagner leur enfant dans sa découverte de la différence essentielle entre le monde de la réalité et celui des images, en lui disant par exemple : « Regarde, c’est une image, on n’utilise pas une image de la même manière qu’un objet réel, on ne mange pas les images, même si elles représentent des choses à manger, etc. »
Mais l’image n’est pas qu’une pâle imitation de la réalité dont nous devrions apprendre à nous méfier. Elle a aussi le pouvoir de provoquer des émotions agréables ! Une image peut donner envie de manger ce qu’il y a dessus, c’est vrai, mais elle peut aussi rendre heureux. L’enfant est rassuré que ses parents reconnaissent le pouvoir qu’ont les images de donner des émotions et des sensations plaisantes. Cela l’invite non seulement à savoir reconnaître les pouvoirs des images – ce qui lui sera plus tard essentiel pour ne pas être dupes – mais à les considérer comme des supports de communication, notamment familiale. Les images, c’est ce dont on parle !

Dany Boon contre Aldo Naouri

Mais qu’est-ce qui fait courir tant de nos contemporains voir Les Ch’tis ? L’humour bien sûr, le plaisir manifeste des acteurs qui semblent s’être bien amusés (comme nous le rappelle d’ailleurs le générique de fin), et aussi la mise en scène d’un fantasme bien répandu en France, surtout dans le Sud : « Le Nord, c’est affreux ! N’y allez jamais ! »
 
Mais une autre explication s’impose. Sous prétexte de difficultés de communication entre Français du Sud et du Nord, ce film s’impose comme une parabole sur les problèmes de communication entre parents et enfants. De quoi s’agit-il en effet ? Le héros du film est au début un adulte en proie à des conflits professionnels et conjugaux. Muté dans le Nord, il devient le directeur d’une agence dans laquelle les employés se révèlent très particuliers. Deux sont des adultes un peu massifs dont l’apparence et les manières évoquent celles de grands enfants, tandis que les deux autres sont sur le versant de l’adolescence et des problèmes qui l’accompagnent : comment quitter sa maman quand on est amoureux, et comment convaincre le garçon qu’on aime qu’il est temps de se décider ?
 
C’est donc entre ce père déclaré et ces quatre personnages en situation enfantine que les quiproquos se nouent, dans un monde sans sexualité ni contraintes sociales d’aucune sorte, jusqu’à l’heureux dénouement : le moment de la difficile, mais indispensable séparation. Il est impossible de ne pas trouver ici un écho des difficultés de communication entre adultes et enfants, réduites, il est vrai, aux incompréhensions de langage de la petite enfance. Je me souviens avoir passé une bonne demi heure, quand mon fils était âgé de quatre ans, à essayer de comprendre que derrière le « Bolonais » dont il me parlait, il n’y avait ni Polonais, ni sauce bolognaise, mais un « bonhomme de neige » ! Quant aux spectateurs qui n’ont pas d’enfant, leur plaisir n’est pas moins grand car ils ont probablement eu dans leur enfance bien du mal à se faire comprendre de leurs propres parents !
 
Mais ce film ne nous raconte pas seulement la réduction progressive des difficultés de communication entre générations, il nous indique aussi le chemin à suivre : renouer avec l’esprit de l’enfance, au besoin en s’aidant de « geneviève », c’est-à-dire d’alcool de genièvre ! Rire sans raison, faire joyeusement pipi dans l’eau, conduire son vélo « comme un fou »… sont autant d’étapes par lesquelles le héros raide du début renoue avec les plaisirs réputés être ceux de l’enfance. Jusqu’à jouer sur le carillon du beffroi de la ville les premières notes de la lettre à Elise, mélodie souvent retrouvée dans les boites à musique des bébés…
 
Finalement, au moment où Aldo Naouri exhorte les parents à faire preuve de plus d’autorité, Dany Boon les invite au contraire à reprendre le chemin de l’enfance pour mieux communiquer avec leur progéniture. Mais c’est de façon masquée. Ce message là est il devenu si inaudible qu’il faille qu’il se cache derrière une parabole ?

Elles | Jean-Bertrand Pontalis

"Elles", Jean-Bertrand Pontalis, Paris, Gallimard, 2007, 208 pages, 15€

Après "Le Dormeur éveillé" (Mercure de France 2004) et "Frère du précédent" (Gallimard, 2006), J.-B. Pontalis poursuit sa quête de l’intime.
L’interrogation de Freud sur la femme se trouve aux origines de la théorie psychanalytique : mais que veulent donc les hystériques ? Cette interrogation s’est perpétuée comme en écho jusqu’à la fin de son œuvre avec la fameuse expression du « continent noir » de la sexualité féminine, marquant sans doute à tort le questionnement freudien du sceau de l’indicible et le condamnant au ratage. On peut lire dans le dernier ouvrage de Pontalis une volonté de rouvrir le questionnement freudien, en se plaçant non plus du côté de l’expérience analytique, mais résolument du côté de l’expérience amoureuse. C’est une position courageuse et hétérodoxe.

La télévision et le mythe des programmes adaptés

Christakis et Zimmerman de l’Université de Seattle aux USA, ont tenté de cerner la différence existant entre des enfants qui regardent différents types de programmes à la télévision. Ils ont pour cela créé quatre catégories : les DVD et les vidéos spécialement destinés aux bébés – comme les programmes des chaînes Baby TV et Baby First – les programmes à objectif éducatif explicite ; ceux qui n’ont pas d’objectif éducatif et dont la seule ambition est le divertissement – comme Bob l’éponge ou Toy story -, et enfin les programmes de télévision pour adultes. Contrairement aux idées reçues, ces programmes très différents n’ont pas de conséquences différentes. En d’autres termes, pour un enfant de moins de 24 mois, il est impossible de parler de programmes « adaptés ». Seul compte le nombre d’heures passées devant l’écran.
 
Le fait que les programmes dits « adaptés » n’aient pas plus d’effets positifs sur l’acquisition du langage que les autres, est lié au fait que ces programmes s’accompagnent d’une bande-son qui est bien incapable d’adapter ses intonations à l’état psychologique du bébé. D’autres recherches ont en effet montré que c’est la capacité de l’adulte de moduler sa voix en fonction de ses propres états émotionnels en harmonie avec ceux du bébé qui compte. Les parents ajustent leurs intonations, leur regard et leur attitude corporelle de telle façon que les acquisitions linguistiques des enfants sont supportées non seulement par le texte qu’ils entendent, mais aussi par les regards échangés et les attitudes corporelles des uns et des autres.
 
C’est la même constatation qui incite Nokia à réfléchir à la création d’hologrammes – de super images en trois dimensions – pour favoriser l’apprentissage des langues étrangères !

La séduction (maternelle primaire) des écrans

Quiconque doute de l’impact des images sur le corps n’a qu’à regarder un enfant confronté à un spectacle télévisé qui le malmène : ses mains se rejoignent et se tordent, il crispe ses doigts, mord ses lèvres, jette des regards effrayés alternativement vers l’écran et vers ses camarades ou encore mime avec des gestes sa certitude que les choses ne peuvent que mal tourner pour le héros. Ces tensions physiques sont évidemment liées à des charges émotionnelles excessives qu’il ne parvient pas à élaborer.
Heureusement, ce stress n’est pas condamné à rester sans solution. Pour le résoudre, l’enfant dispose de trois moyens complémentaires : le langage, le dessin et le jeu avec ses frères, sœurs ou camarades. Mais le plus souvent, il ne trouve pas le partenaire privilégié qui lui permettrait de réaliser cette élaboration. Et c’est d’autant plus le cas quand il regarde la télévision le matin. Il n’a pas le temps de parler. Il lui faut se dépêcher pour ne pas être en retard et il part finalement sur le chemin de l’école submergé par ce qu’il a vu. C’est peu dire que cette surcharge d’images complique ses apprentissages. Il doit pourtant s’en débrouiller. Et le lendemain, il recommence. Mais toutes ces images absorbées et non assimilées laissent des traces qui s’accumulent. Et ces traces ne sont pas sans conséquences. La télévision devient ce qui l’excite sans cesse selon un rythme toujours imposé par elle, et avec une intensité largement supérieure aux stimulations habituelles de la vie quotidienne. Ainsi la télévision impose-t-elle à l’enfant un équivalent technologique de la relation pathogène, hyperstimulante et intrusive, que le psychanalyste Paul Claude Racamier a décrit sous le nom de « séduction maternelle primaire ».