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Qu’est-ce que l’inconscient ?
On pourrait vous dire que l’inconscient est un réceptacle où se déposent tout ce qui nous dérange, tout ce que nous ne voulons pas voir, ni entendre… En un mot : tout ce qui est insupportable.
Vu du divan | Une séance « bien sanglante »
Signe des temps : analysants, psychiatres, analystes en formation tiennent leur blog. Ainsi en va-t-il d’Ardalia qui nous prête ce billet, Une séance "bien sanglante", posté le 29 novembre 2007 sur son blog Bulle de papier.
Quand je sors dans la rue, un peu sonnée, aujourd’hui, une épaule crispée, les tripes à peine remises en place, mais encore fumantes et pas bien calées, j’estime en général si la séance a été "sanglante".
C’est mon mot, "sanglante", je pourrai dire "cuisante" aussi. Pourtant, il n’y a pas de sang, pas de punition, au contraire, il y a du soin. Mais du soin qui se fait dans les larmes. Le soin, c’est vider le pus, vider les haines honteuses, les désirs interdits, les espoirs déchirés. Le soin, c’est regarder le plus noir de soi, raconter les conditions d’émergence de cette noirceur, pourquoi elle a fleuri et comprendre pourquoi elle a été refoulée.
Virtuel : les nouveaux revenants
Au Moyen Âge, beaucoup de personnes prétendirent « voir » des revenants « avec leurs yeux » de la même façon qu’ils voyaient leurs proches vivants. Cette conviction était totalement inacceptable pour l’Église catholique pour laquelle il n’y a de réincarnation des morts que le jour du jugement dernier. Comment concilier alors le dogme avec l’expérience racontée par tant de fidèles d’avoir vu, « de leurs yeux vus », des revenants ?
L’ingéniosité fut à la hauteur du problème posé. Les théologiens déclarèrent que les revenants existaient bien, mais qu’ils ne pouvaient pas être vus avec les yeux de chair au même titre que les vivants puisqu’ils n’existaient pas dans un corps réel. Ils étaient donc vus – car cela, on ne pouvait pas le contester – avec les yeux de l’âme. Autrement dit, les revenants n’étaient ni des images du monde du dedans confondues avec la réalité – ce que nous appellerions aujourd’hui des hallucinations –, ni des images formées dans la conscience à partir de la perception d’un objet simplement visible. Il y fallait la médiation d’une machine dont le Moyen Âge a fait grand cas : l’âme.
Aujourd’hui, nous ne croyons plus guère que les disparus sortent des cimetières dans leur habit du dimanche, mais nous ne sommes pas choqués de les rencontrer dans ces territoires de nulle part que sont les espaces virtuels. Et la comparaison avec les revenants du Moyen Âge ne s’arrête pas là. Dans les deux cas, nous désirons les voir, mais dans les deux cas aussi, cette vision nous trouble autantqu’elle nous satisfait. J’imagine que c’est parce que, dans les deux cas, nous ne savons pas très bien quelle part nous avons pris à cette présence. Les voyons-nous parce qu’ils sont « devant nous » – tout au moins leur effigie – ou parce qu’ils sont « en nous » ? Cette grand-mère si chère qui me manque tant, cet aïeul qui semblait occuper si souvent les pensées de l’un de mes parents, sont-ils soudain devant moi parce que mon ordinateur aurait le pouvoir de les convoquer, ou bien est-ce une illusion de mon désir ? La réponse rationnelle est évidemment la seconde, mais les mondes virtuels ont-ils été inventés pour engendrer du rationnel ?
De l’adolescence errante. Variations sur les non-lieux de nos modernite
Olivier Douville, De l’adolescence errante. Variations sur les non-lieux de nos modernités, 68 pages, 8€, Nantes, Plein Feux (distribution PUF), 2007.
Ce livre paraît dans la collection « L’impensé contemporain », que dirige Gérard Laniez.Son auteur est un de ces trop rares psychanalystes qui bénéficie d’une vraie culture en anthropologie, comme en témoigne son implication dans l’Association Française des Anthropologues. Il enseigne également à Paris-10 Nanterre où il défend, envers et contre tout l’anthropologie clinique.
Le déni, stade suprême du virtuel
Dans le virtuel, tout est indécidable : les informations que nous y trouvons, l’identité de nos interlocuteurs, et même leur présence ou leur absence au moment où nous croyons interagir avec eux – certains logiciels, dans Second life ou World of Warcraft par exemple, peuvent faire accomplir à un avatar des actions qui laissent croire qu’il est « habité » alors qu’il est en « pilotage automatique ». De même, l’usager de eBay, de Meetic ou de Second life est libre de donner à tout moment à ce qu’il voit et entend la valeur de réalité qu’il désire lui accorder. « Vérité » ou « fausseté» des propos et des identités, « présence « ou « absence » des interlocuteurs, c’est l’usager seul qui décide.
La conséquence de ce règne de l’indécidable est qu’il risque de générer un règne de l’indécision ! Pour y échapper, nos contemporains ont de plus en plus recours au mécanisme psychique décrit par Freud à la fin de sa vie sous le nom de « déni ». Il s’agit de la capacité de refuser ou d’accepter à volonté qu’une chose existe ou non.
Avoir recours au déni est évidemment un mécanisme psychique très pratique : ni bon ni mauvais en soi, il peut être mis au service de toutes les causes, les meilleures comme les pires[1]. La fréquentation d’Internet ne le fabrique pas, mais, incontestablement, invite à le banaliser et à en généraliser l’usage. Non seulement chacun peut décider de croire, ou non, à la réalité de ce qu’il voit et entend, mais aussi effacer une relation d’un simple clic, disparaître quand cela l’arrange, et ne jamais laisser de trace de ses faits et gestes.
Depuis cinquante ans, nous sommes passés insensiblement des troubles basés sur les émotions et les désirs contradictoires – avec une prévalence du refoulement – à d’autres centrés sur les failles de l’estime de soi et les processus de clivage du Moi. Les difficultés qui résultent de ces deux modes de fonctionnement ne sont pas près de disparaître, mais la pratique des espaces virtuels dessine aujourd’hui des enjeux nouveaux autour de la place du déni comme mécanisme psychique prévalent.
[1] Sur ce mécanisme et son importance, notamment par rapport aux traumatismes, on peut lire mon ouvrage La Résilience. (2007). Paris : PUF.
Sortir de l’Autisme | Jacqueline Berger
Jacqueline Berger , « Sortir de l’Autisme », 192 p., 18 € , Buchet-Chastel. Paris. 2007
Le titre et la quatrième de couverture laissent supposer qu’il s’agit d’un nouvel ouvrage d’une mère d’enfant autiste expliquant comment elle est parvenue à infirmer l’avis des spécialistes concernant l’incurabilité de ses deux jumelles. Certes, c’est de cela qu’il s’agit, mais seulement pour une part. En fait cet ouvrage s’avère d’une grande originalité par rapport aux témoignages antérieurs, car il s’accompagne d’une réflexion sur le concept d’autisme, et le hausse au niveau d’un révélateur des mutations de la société occidentale contemporaine.
L’avatar, une image pas comme les autres
Alors que les sociétés dites « primitives » considèrent que les images contiennent en réalité ce qu’elles représentent – à savoir leurs divinités -, la culture occidentale s’est construite autour de l’idée que l’image ne fait que représenter une personne ou un objet en son absence[1]. Ce problème est fondamental en Occident. Il a même constitué le fondement de ce qu’on a appelé, au IX é siècle, « la querelle des iconoclastes ».
Mais les espaces virtuels renvoient ce débat au passé. Derrière chaque avatar – ces poupées de pixels chargées de nous représenter -, un être humain est présent avec lequel il est possible d’interagir en temps réel. Ou plutôt, cet autre être humain peut être présent, mais tout aussi bien absent ! Ce n’est pas toujours facile à déterminer, car certains espaces virtuels prévoient que les avatars puissent bénéficier d’une sorte de « pilotage automatique ». Dans World of Warcraft, un programme fait accomplir mécaniquement à votre avatar des actions stéréotypées destinées à lui faire gagner quelque argent. Et même lorsqu’un avatar est bien « habité », comment savoir s’il l’est par son propriétaire habituel ou par un autre – un membre de sa famille notamment – qui le lui a emprunté pour une heure, un jour et parfois plus ? Et nous ne sommes pas au bout de nos peines, car même si le possesseur d’un avatar est bien présent derrière lui, il peut le laisser accomplir quelques actions simples tout en menant une conversation secrète, dans le jeu, avec un autre avatar. Il est alors « physiquement » présent tout en n’étant pas vraiment disponible ! Et dans tous les cas, il n’y a aucun moyen d’en avoir connaissance !
Du coup, les nouvelles technologies, recherchées pour étancher notre soif de sécurité, conduisent bien souvent à une insécurité encore plus grande : nous ne savons jamais si nos interlocuteurs nous écoutent vraiment – sans parler de savoir avec qui ils se trouvent et ce qu’ils sont en train de faire !
[1] Précisément depuis le IXè siècle, et ce qu’on appelle la querelle des iconoclastes (Voir Mondzain, M.J., La querelle des iconoclastes et Tisseron, S., Psychanalyse de l’image.
« La logique du capitalisme conduit à la limitation des libertés » Entretien avec Slavoj Zizek
Slavoj Zizek s’entretient avec Rosa Moussaoui pour l’Humanité (4 janvier 2006) via Contreinfo.info
« Voilà le futur : non pas une dictature directe, mais un changement de règles où l’état d’exception va coïncider avec l’état normal. Parallèlement à cela, la moindre intervention forte dans l’économie est désormais perçue comme irrationnelle, catastrophique. Il y a comme un pacte selon lequel l’économie aurait ses propres règles dépolitisées, le débat « démocratique » se limitant finalement aux questions culturelles. La tragédie réside précisément dans cette dépolitisation radicale de l’économie, conjuguée au glissement vers un état d’exception permanent. »
En quoi la formation universitaire à la psychologie ne peut elle se réclamer d’une formation psychanalytique et de la technique du transfert ?
Pour répondre à la question ci-dessus, tentons de définir les trois items.
1. La formation universitaire à la psychologie comporte durant les premières années des enseignements obligatoires en neurophysiologie, en statistiques, en anglais, en psychologie sociale, du développement, clinique, pathologique, cognitive et en législation de l’internement psychiatrique, ainsi que des stages en institutions. Certains enseignements, optionnels, sont à choisir parmi des listes. Par exemple, les techniques projectives (Rorchach, TAT), le conditionnement et l’apprentissage, etc.. Le tout est évalué et noté par les enseignants.
Etriper et torturer dans le virtuel
Le plus souvent, mon avatar réalise mes rêveries glorieuses : il triomphe des monstres et des dragons, fait fortune et dirige un empire. Il est un héros civilisateur et bâtisseur, tout à la fois César, Alexandre le grand et Ulysse. Mais à d’autres moments, il accueille ma part sombre, ce que la saga de la Guerre des étoiles appelle la « face noire de la force ». Je deviens un monstre, un criminel, un fourbe ou un tyran. Je détruis des cités prospères pour le plaisir, utilise un lance-flammes ou un bazooka contre des civils, ou regarde se noyer lentement mon enfant que j’ai fait descendre dans la piscine familiale avant d’en retirer l’échelle. Bien des joueurs prennent plaisir à tuer, étriper, torturer des personnages générés par l’ordinateur…
On aurait pourtant tort de croire que tout, dans ces mises en scènes terrifiantes, relève de désirs sadiques. Les mondes virtuels permettent aussi de représenter des craintes secrètes, si effrayantes que les nommer est impossible, mais auxquelles la mise en scène par avatars interposés donne un début de figuration. Je me souviens ainsi d’un adolescent qui s’arrangeait toujours pour mettre son avatar dans des situations où il mourait abominablement. En fait, cet adolescent mettait son personnage en danger pour le voir mourir. Ce qu’on aurait pu prendre pour de la maladresse ou de l’inconscience relevait chez lui d’une intention délibérée. Cet adolescent n’avait pas de comportements suicidaires dans sa vie quotidienne, mais j’ai pu en comprendre le risque en le voyant jouer. À partir de là, il a été possible d’évoquer la place de ses pensées suicidaires dans sa « vraie vie », et de réaliser un travail de prévention.
Son histoire m’en a d’ailleurs rappelé une autre, celle d’une femme dont j’avais eu à m’occuper au début de ma carrière de psychiatre. Elle aussi avait de fortes tendances suicidaires, mais les jeux vidéo n’existant pas à cette époque, elle ne les gérait pas avec des poupées de pixels, mais avec de vraies poupées d’étoffe. Elle confectionnait elle-même celles-ci, puis… les jetait par sa fenêtre ! En défenestrant ces créatures de chiffon créées à son image, cette femme s’offrait à la mort en même temps qu’elle lui échappait. Et en contemplant de sa fenêtre le corps démembré de ses « victimes », elle se voyait elle-même dans le triste état où la mort l’avait mise, comme dans un rêve. En fait, c’était moins à sa « mort » qu’elle assistait qu’à la mort des parties d’elle-même dont elle souhaitait se débarrasser, à commencer par celles qui avaient le désir de mourir. En contemplant leur mort par poupées interposées, elle retrouvait provisoirement le désir de vivre.
Dans les années 1970, la psychanalyste Gisela Pankow demandait à ses patients de fabriquer un personnage en pâte à modeler, puis les invitait à imaginer son histoire… jusqu’à figurer un accident qui pourrait lui arriver. Il s’agissait pour cette psychanalyste d’inviter ses patients à mettre des mots sur les noirs désirs qui les habitent. C’est un peu ce que nous invitent à faire nos avatars. Ce qui apparaît à l’observateur comme un simple jeu est parfois très sérieux !