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En quoi la formation universitaire à la psychologie ne peut elle se réclamer d’une formation psychanalytique et de la technique du transfert ?
Pour répondre à la question ci-dessus, tentons de définir les trois items.
1. La formation universitaire à la psychologie comporte durant les premières années des enseignements obligatoires en neurophysiologie, en statistiques, en anglais, en psychologie sociale, du développement, clinique, pathologique, cognitive et en législation de l’internement psychiatrique, ainsi que des stages en institutions. Certains enseignements, optionnels, sont à choisir parmi des listes. Par exemple, les techniques projectives (Rorchach, TAT), le conditionnement et l’apprentissage, etc.. Le tout est évalué et noté par les enseignants.
Etriper et torturer dans le virtuel
Le plus souvent, mon avatar réalise mes rêveries glorieuses : il triomphe des monstres et des dragons, fait fortune et dirige un empire. Il est un héros civilisateur et bâtisseur, tout à la fois César, Alexandre le grand et Ulysse. Mais à d’autres moments, il accueille ma part sombre, ce que la saga de la Guerre des étoiles appelle la « face noire de la force ». Je deviens un monstre, un criminel, un fourbe ou un tyran. Je détruis des cités prospères pour le plaisir, utilise un lance-flammes ou un bazooka contre des civils, ou regarde se noyer lentement mon enfant que j’ai fait descendre dans la piscine familiale avant d’en retirer l’échelle. Bien des joueurs prennent plaisir à tuer, étriper, torturer des personnages générés par l’ordinateur…
On aurait pourtant tort de croire que tout, dans ces mises en scènes terrifiantes, relève de désirs sadiques. Les mondes virtuels permettent aussi de représenter des craintes secrètes, si effrayantes que les nommer est impossible, mais auxquelles la mise en scène par avatars interposés donne un début de figuration. Je me souviens ainsi d’un adolescent qui s’arrangeait toujours pour mettre son avatar dans des situations où il mourait abominablement. En fait, cet adolescent mettait son personnage en danger pour le voir mourir. Ce qu’on aurait pu prendre pour de la maladresse ou de l’inconscience relevait chez lui d’une intention délibérée. Cet adolescent n’avait pas de comportements suicidaires dans sa vie quotidienne, mais j’ai pu en comprendre le risque en le voyant jouer. À partir de là, il a été possible d’évoquer la place de ses pensées suicidaires dans sa « vraie vie », et de réaliser un travail de prévention.
Son histoire m’en a d’ailleurs rappelé une autre, celle d’une femme dont j’avais eu à m’occuper au début de ma carrière de psychiatre. Elle aussi avait de fortes tendances suicidaires, mais les jeux vidéo n’existant pas à cette époque, elle ne les gérait pas avec des poupées de pixels, mais avec de vraies poupées d’étoffe. Elle confectionnait elle-même celles-ci, puis… les jetait par sa fenêtre ! En défenestrant ces créatures de chiffon créées à son image, cette femme s’offrait à la mort en même temps qu’elle lui échappait. Et en contemplant de sa fenêtre le corps démembré de ses « victimes », elle se voyait elle-même dans le triste état où la mort l’avait mise, comme dans un rêve. En fait, c’était moins à sa « mort » qu’elle assistait qu’à la mort des parties d’elle-même dont elle souhaitait se débarrasser, à commencer par celles qui avaient le désir de mourir. En contemplant leur mort par poupées interposées, elle retrouvait provisoirement le désir de vivre.
Dans les années 1970, la psychanalyste Gisela Pankow demandait à ses patients de fabriquer un personnage en pâte à modeler, puis les invitait à imaginer son histoire… jusqu’à figurer un accident qui pourrait lui arriver. Il s’agissait pour cette psychanalyste d’inviter ses patients à mettre des mots sur les noirs désirs qui les habitent. C’est un peu ce que nous invitent à faire nos avatars. Ce qui apparaît à l’observateur comme un simple jeu est parfois très sérieux !
La France a des haines
Le recours a des tests ADN afin de fournir la preuve de liens familiaux se retrouve aujourd’hui au cœur d’un vif débat de société. Aujourd’hui, selon une étude de l’université de Nijmegen aux Pays-Bas sept pays de l’UE (Autriche, Belgique, Finlande, Lituanie, Pays-Bas, Suède et Royaume-Uni) mentionnent dans leur législation la possibilité de recourir à des tests ADN en cas d’absence de documents. La Commission européenne en rajoute dans ce sens établissant que la France ne violerait aucune règle européenne en procédant à des tests ADN pour contrôler le regroupement familial, pratique déjà utilisée dans d’autres pays de l’UE. Ainsi une lecture toute formelle de la loi ne peut faire obstacle à cette mesure.
Anorexie, les nouvelles sorcières?
La comédienne Isabelle Caro, qui annonce peser 31 kilos, a décidé de partir en guerre contre l’anorexie. Elle n’a pas de peine à nous convaincre. Son corps décharné, photographié par Oliviero Toscani crée un tel malaise tel qu’on a envie de se mobiliser tout de suite. Mais contre quoi ? L’anorexie, bien sûr, mais qu’est-ce que c’est, l’anorexie ? Est-ce une mode qu’il faut dénoncer, ou une maladie face à laquelle la psychiatrie s’avoue encore impuissante ? Dans un cas, c’est une campagne d’information qui est nécessaire pour inviter chacun et chacune à ne pas imiter ces apologies morbides de la maigreur, et dans l’autre, c’est plutôt un appel aux dons qui convient, afin de promouvoir la recherche médicale. Le problème, c’est que personne n’en sait rien… Du coup, les journalistes oscillent sans cesse de l’une de ces positions à l’autre. On ne peut pas le leur reprocher. En revanche, quelle que soit celle de ces deux positions qu’ils adoptent, elle semble toujours pour eux être la seule. D’où un sentiment étrange…
Dans l’interview d’ Isabelle Caro, c’est tantôt le côté « choix de vie » qui domine et tantôt le côté « maladie », sans que le passage de l’un à l’autre ne soit jamais indiqué. Mais il est essentiel. On ne soigne pas les choix de vie, on se contente de les blâmer ou de les punir s’ils sont interdits par la loi. Quant à la maladie, elle ne se « choisit » pas, à l’adolescence pas plus qu’à tout autre moment. Le spectateur, ballotté entre ces deux éventualités qui ne sont jamais explicites, ne sait plus s’il est bouleversé par le côté spectaculaire de l’anorexie ou par le fait qu’il ne comprenne rien à ce dont il s’agit. Pris d’angoisse, il est prêt à accuser les sites Internet pro-ana où des jeunes filles malades exhibent leur maigreur. Mais un site qui prétendrait que le cancer est un « choix de vie » se ferait-il accuser de la même façon de provoquer la survenue du cancer chez ceux qui vont le visiter ? On penserait probablement plutôt que c’est une façon pour ces malheureux de tenter de travestir leur maladie en choix pour se consoler du sort qui les accable…
En fait, ce débat n’est pas particulier à l’anorexie. La sortie du film de Nicolas Philibert, Retour de Normandie, et de celui, déjà ancien, de René Allio, Moi Pierre Rivière, nous rappellent qu’il traverse notre culture depuis deux siècles : les comportements extrêmes et inexplicables relèvent ils de la liberté de chacun, ou doivent ils être considérés comme pathologiques ? Pierre Rivière, qui avait égorgé sa mère, son frère et sa sœur, avait-il « fait un choix » – auquel cas il devait en supporter toutes les conséquences – ou bien était-il « malade » – auquel cas il devait être soigné ? Autour de l’anorexie, aujourd’hui, la question est la même, et il est urgent que le débat public s’en fasse l’écho.
A défaut d’en désigner clairement les termes, on risque de faire des anorexiques les nouvelles sorcières des temps modernes. Au moyen âge, celles-ci faisaient scandale en étant suspectées de préférer le diable et ses orgies noires à tous les bienfaits lumineux de l’Eglise. Aujourd’hui, où chacun est censé aspirer à plus de santé, de longévité et de sexualité, l’anorexique fait scandale en donnant l’impression de faire tous les choix contraires. Mais justement, est ce un choix ?
Quelles sont les différentes formes cliniques de la dépression ?
La dépression constitue le trouble psychique le plus répandu : il constitue 50% des cas de consultation psychiatrique et de 20 à 30 % des consultations chez les médecins généralistes où les patients consultent pour des troubles fonctionnels divers, selon les statistiques de l’Organisation Mondiale de la Santé. Cela s’explique par le fait qu’il existe un très large éventail de troubles dépressifs de sévérité croissante.
Nos nouveaux interlocuteurs
Les nouvelles méthodes de communication à distance sont en train de générer leur contre partie charnelle. Moins le « corps physique » de nos interlocuteurs est présent, et plus le « corps physique » des supports de communication est appelé à prendre de l’importance. Peu à peu, ce sont les objets communicants eux-mêmes qui deviennent nos interlocuteurs. Le toucher, exclu de la relation à l’autre, devient alors de plus en plus présent dans nos relations aux machines elles mêmes. Avec nos téléphones de première génération, nous cherchions à nier que la séparation ait eu lieu. Avec ceux de la troisième génération, nous reconstituons à volonté une union privilégiée avec un interlocuteur toujours disponible, attentif et obéissant, notre téléphone lui-même ! Les récents développements technologiques vont d’ailleurs dans ce sens : recherche de matériaux qui imitent la peau, adaptation aux attentes de l’usager, et développement de l’interaction vocale.
La machine devient donc notre interlocuteur familier. Il n’y manque même pas les scènes de bouderie, sous la forme de « bogs » aussi imprévisibles et inexplicables qu’une scène de ménage. Leroy Gourhan nous a familiarisés avec l’idée que les objets prolongent et décuplent les possibilités de nos mains et de nos jambes. Freud a montré qu’elles peuvent aussi recueillir nos attentes, nos rêves et nos désirs, soit pour les mettre de côté, soit pour nous aider à les transformer. Ce qui se passe aujourd’hui nous oblige à ajouter une troisième clé aux deux précédentes : les machines seront de plus en plus des partenaires à part entière.
Et c’est probablement parce que vivons chacun notre ordinateur domestique de cette façon que nous sommes enclins à ne pas nous inquiéter plus de la société de surveillance totale qui s’installe. Les années 1970 ont vu s’opposer les tenants des ordinateurs centraux à la puissance de calcul phénoménale, aux tenants des ordinateurs domestiques conviviaux. Ils ne savaient pas que ces deux évolutions étaient exactement parallèles, et que l’une rendait l’autre acceptable.
« Mamachine »
Dans l’Antiquité, on désignait les outils, les animaux et les esclaves sous le même mot général instrumentum. Mais tous les « instrumentum » n’étaient pas équivalents. L’outillage agricole était dit « muet » – instrumentum mutum – le bétail qui peut répondre à son nom et à quelques consignes simples était dit instrumentum semi vocale – tandis que les esclaves doués de la parole étaient instrumentum vocale. Nous n’avons plus d’esclaves auxquels commander par la parole, mais nous avons des ordinateurs : comme eux, ils se prêtent à tous les rôles que nous leur confions : scribe, comptable, conteur, traducteur, mais aussi partenaire de jeux divers ou de rêveries érotiques, voire complice sans état d’âme de nos confidences intimes… Mais ces nouveaux interlocuteurs évoquent moins l’esclave soumis que la mère omnisciente toujours prête à satisfaire de nouveaux désirs… En fait, un ordinateur a le pouvoir de réactiver les relations qu’un enfant a établies avec son premier environnement. Si elles ont été satisfaisantes, il profite pleinement des espaces virtuels. Si au contraire, elles ont été marquées par des sentiments de frustration narcissique et d’insécurité, le risque est que l’usager tente de s’en guérir avec le virtuel, et réduise de plus en plus son monde à son ordinateur sans vraiment en tirer de véritable satisfaction.
L’adolescent décramponné de sa mère, mais angoissé de son insertion future dans la société, s’adonne à cette autre forme de cramponnement qu’est le jeu vidéo. Scotché à sa machine, il a un credo : « Plutôt dépendant d’une machine que de ma mère ! ». Le problème est que l’un n’empêche pas l’autre, et qu’au bout du compte, c’est pire, parce que la machine ne dit jamais non ! Avec elle, « tout glisse », me disait un adolescent. Comment s’en séparer un jour devient le nouveau problème.
« Papa, je vais le dire à maman », ou la destitution des pères
Cet article est initialement paru dans La Libre le 10 octobre 2007
Affiches massives le long des autoroutes, spot publicitaire à la Une, oui, le ton est donné, on officialise l’autorité enfantine : "Papa, mets ta ceinture ou je vais le dire à maman." Fini pour l’enfance ce temps joyeux et insouciant où l’on préconisait aux parents d’être les guides de la génération montante. Force est de constater que le rôle des générations s’y retrouve raboté, voire même inversé.
Dorénavant institutionnalisé responsable young passenger, l’enfant, qui, depuis les années septante, avait acquis pas à pas le grade d’Enfant Roi, se voit adouber du devoir d’être un Enfant Chef. C’est à lui qu’incombe dorénavant une part de responsabilité de la sécurité routière. Et pas question d’y échapper, c’est écrit en toutes lettres.
La science des avatars
Je suis devant mon ordinateur. Les impératifs qui règlent la vie quotidienne se mettent en sommeil, un peu comme au moment de l’endormissement. L’installation devant l’écran s’accompagne d’ailleurs d’un rituel qui rappelle celui du coucher : se retirer à l’écart, avec son lit dans un cas, son ordinateur dans l’autre, baisser la lumière… Puis la porte des espaces virtuels s’entrouvre, un peu comme celle des rêves dans Les Aventures de Little Nemo in Slumberland, la célèbre bande dessinée de Windsor Mac Cay.
Je me retrouve à traverser des déserts ou des marécages pleins de créatures hostiles, à m’enfoncer dans d’épaisses forêts à la recherche de fées ou de géants, à combattre des monstres horribles, à diriger d’immenses armées ou quelques compagnons d’arme, voire à mettre en scène mes fantasmes sexuels les plus intimes. Mais toujours et comme dans un rêve, les désirs secrets dont la satisfaction est impossible la journée deviennent réalisables. Je suis le seul témoin de ce que je mets en scène, et si je le partage avec quelques complices sur le net, l’anonymat est total. Et comme dans un rêve encore, la différence entre vrai et faux, passé et présent, réel et imaginaire tend à s’effacer.
Pourtant, les mécanismes décrits par Feud, et qui contribuent à la construction du rêve, sont bouleversés par le fait que les espaces virtuels ne sont pas le résultat d’une élaboration personnelle, mais d’une construction collective gérée par un serveur. L’imaginaire personnel doit à chaque fois composer avec les contraintes techniques et les traces des fantasmes et des rêveries d’autrui. Du coup, ce ne sont pas les images créées par chacun qui sont le reflet de ses désirs et de ses inhibitions, mais les parcours qu’il impose aux créatures chargées de le représenter.
C’est pourquoi la prise en charge des accrocs du virtuel doit leur faire raconter leur parcours, de la même façon que Freud faisait raconter leurs rêves à ses patients névrotiques. L’avatar est la voie royale vers l’inconscient de l’usager du virtuel.
Quel est l’intérêt de s’allonger sur un divan ?
L’intérêt que revêt le divan est a priori et selon moi – et sans doute selon quelques autres – de favoriser ce que l’on nomme la « libre association ». Tant celle et de prime abord, de l’analysant (l’allongé), que celle de l’analyste.