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Le striptease de l’avatar
Pour comprendre ce qu’est un avatar, le mieux est de le déconstruire. Imaginons pour cela une sorte de « strip-tease ». L’exercice n’est pas théorique puisque chacun peut s’y livrer sur Second Life.
Tout commence bien sûr par un déshabillage en règle. Vous faites enlever à votre avatar sa chemise, sa jupe ou son pantalon, puis ses sous-vêtements, jusqu’à ce qu’il se retrouve aussi nu qu’une poupée Barbie dans sa boîte de base. Mais l’effeuillage de l’avatar ne s’arrête pas là. La chevelure, le sourire, l’expression du regard, la façon de marcher et de se mouvoir, les ongles, les poils et jusqu’à la peau peuvent être enlevés tour à tour. A la fin, votre avatar n’est pas seulement aussi nu qu’un fœtus, il est aussi lisse et inexpressif que lui. Ces différentes caractéristiques de votre avatar que vous avez successivement ôtées sont appelées des « objets ». Autrement dit, votre avatar n’est rien d’autre qu’un assemblage d’objets numériques. L’informaticien et le psychanalyste se rejoignent ici sur un point : les « objets » ne sont pas pour eux des outils susceptibles d’être manipulés pour transformer le monde, mais tout ce qui est susceptible d’éveiller le désir. Il n’y a pas de différence, de ce point de vue, entre une paire de gants, un chapeau, des lunettes, un pénis, une façon de marcher, une coupe de cheveux ou un certain éclat dans le regard. Le psychanalyste appelle tout cela des objets « partiels », puisque ce sont à chaque fois des fragments de corps ou de vêtement, et que leur point commun est de pouvoir mettre le désir en route chez quelqu’un qui les voit. . Les avatars sont des poupées d’objets partiels, non seulement conçues pour mobiliser le désir, mais aussi pour le satisfaire ! Car si beaucoup de choses sont possibles dans les mondes virtuels, se toucher y restera encore longtemps impossible. Il nous faut nous contenter de ce que notre regard attrape : une belle poitrine, une chevelure doucement caressée par le vent, une démarche chaloupée… Nous sommes invités à en jouir sans nous préoccuper d’une autre forme de contact. C’est pourquoi, dans les espaces virtuels, les objets partiels mobilisent le désir avec une force qui a peu d’équivalent dans la vie réelle, et qui rappelle celle de la publicité.
Ella Sharpe, lue par Lacan | Traduction ( Marie-Lise Lauth dir)
« Ella Sharpe, lue par Lacan », « Traduction inédite des écrits », Coll. « Psychanalyse », Editions Hermann, 2007, 200 p., 24 euros. Sous la direction de Marie-Lise Lauth
Une traduction inédite – et bienvenue – des Ecrits de la psychanalyste Ella Sharpe (Editions Hermann).
« Peu d’analystes ont été aussi doués…Elle écoutait d’une oreille minutieuse chaque son émis par un patient et prenait à la lettre et avec le plus grand soin, chaque mot prononcé » écrivait Ernest Jones, le biographe de Freud, au sujet de la psychanalyste Ella Sharpe. Née près de Cambridge en 1875, quasi contemporaine donc du fondateur de la psychanalyse, Ella Sharpe possédait effectivement l’amour des belles lettres. Destinée à la littérature, devenue enseignante, elle suit une analyse avec James Glover, puis effectuera une « tranche » à Berlin avec Hans Sachs, amateur comme elle de littérature. C’est donc avec intérêt qu’on découvrira l’ouvrage qui lui est consacré par les Editions Hermann où la traduction de ses principaux textes donne lieu au rappel des commentaires qu’en fit ultérieurement Jacques Lacan.
Du nécessaire naufrage du moi
Paru initialement dans Le Monde le 24 mai 2007
Dans le monde qui nous entoure, nous nous trouvons toujours, consciemment du moins, "en pays de connaissance" ; les objets, les êtres que nous percevons sont délimités et répertoriés. Nous savons que ceci est un arbre, que c’est Jean, ou à tout le moins "un homme", qui vient à notre rencontre, etc. L’expérience est rare, et toujours troublante, de se trouver en présence de l’innommable, d’une somme brute de sensations radicalement étranges, c’est-à-dire étrangères à notre univers de choses nommées. Le cauchemar parfois affronte cet insensé, et, angoissés, nous nous hâtons d’en sortir.
« Elle s’appelle Sabine »
C’est une banalité de dire que la télévision donne à la plupart des sujets qu’elle traite une tournure émotionnelle. Mais c’est toujours intéressant de voir de quelle façon et avec quelles conséquences.
Ainsi, le documentaire Elle s’appelle Sabine, diffusé sur FR3 la semaine dernière, avait tout pour intéresser. Réalisé par Sandrine Bonnaire sur sa sœur handicapée mentale, il associait le problème très actuel de l’autisme, le désarroi des proches et la question de la pertinence des structures de soin. Avant même la diffusion du documentaire, la presse avait reformulé les choses : une jeune fille décérébrée par les psys, une sœur people, le tout sur fond d’angoisse ancestrale – le médecin rend-il fou ceux qu’il prétend soigner ?
Pourtant, le film est assez nuancé : il y est dit que l’état de Sabine s’aggrave après la mort de son frère, et que c’est la famille entière, épuisée, qui demande l’hospitalisation. Malheureusement, Mireille Dumas choisit de rediffuser juste avant le débat le moment le plus bouleversant du film: la Sabine d’aujourd’hui, mal dans son corps et qui peine à s’exprimer, en train de regarder les images de la Sabine d’hier, belle jeune fille en voyage à New York avec sa sœur. Effet assuré : comment ne pas être bouleversé, et comment résister à l’idée que ces cinq années d’hospitalisation ont été cinq années de décervelage ? Du coup, les vraies questions du débat deviennent invisibles : comment prendre en charge ces souffrances en dehors de la famille dès leur apparition ? Et avec quelles équipes gérer l’hospitalisation de ces malades qui ont un psychisme arrêté à l’enfance dans un corps d’adulte ? Faut il des services pour adultes – à cause de leur âge réel – ou des services pour enfants dans lesquels les équipes sont mieux formées à ces pathologies et aux symptômes par lesquels elles s’expriment ?
Les média n’aiment pas laisser une question en suspend. « Des réponses, toujours des réponses, rien que des réponses » semble leur devise. C’est pourquoi ils utilisent autant le levier émotionnel. Parce que les émotions nous incitent à penser dans un seul sens. Pas forcément faux, mais dans un seul sens. Du coup, elles nous privent de notre ambivalence et du travail intérieur que nous sommes obligés d’accomplir pour la résoudre. Bien sûr, même sans télévision, nous sommes tentés de prendre ce chemin. Mais elle savonne sacrément la pente !
« Elle s’appelle Sabine »
C’est une banalité de dire que la télévision donne à la plupart des sujets qu’elle traite une tournure émotionnelle. Mais c’est toujours intéressant de voir de quelle façon et avec quelles conséquences.
Ainsi, le documentaire Elle s’appelle Sabine, diffusé sur FR3 la semaine dernière, avait tout pour intéresser. Réalisé par Sandrine Bonnaire sur sa sœur handicapée mentale, il associait le problème très actuel de l’autisme, le désarroi des proches et la question de la pertinence des structures de soin. Avant même la diffusion du documentaire, la presse avait reformulé les choses : une jeune fille décérébrée par les psys, une sœur people, le tout sur fond d’angoisse ancestrale – le médecin rend-il fou ceux qu’il prétend soigner ?
Pourtant, le film est assez nuancé : il y est dit que l’état de Sabine s’aggrave après la mort de son frère, et que c’est la famille entière, épuisée, qui demande l’hospitalisation. Malheureusement, Mireille Dumas choisit de rediffuser juste avant le débat le moment le plus bouleversant du film: la Sabine d’aujourd’hui, mal dans son corps et qui peine à s’exprimer, en train de regarder les images de la Sabine d’hier, belle jeune fille en voyage à New York avec sa sœur. Effet assuré : comment ne pas être bouleversé, et comment résister à l’idée que ces cinq années d’hospitalisation ont été cinq années de décervelage ? Du coup, les vraies questions du débat deviennent invisibles : comment prendre en charge ces souffrances en dehors de la famille dès leur apparition ? Et avec quelles équipes gérer l’hospitalisation de ces malades qui ont un psychisme arrêté à l’enfance dans un corps d’adulte ? Faut il des services pour adultes – à cause de leur âge réel – ou des services pour enfants dans lesquels les équipes sont mieux formées à ces pathologies et aux symptômes par lesquels elles s’expriment ?
Les média n’aiment pas laisser une question en suspend. « Des réponses, toujours des réponses, rien que des réponses » semble leur devise. C’est pourquoi ils utilisent autant le levier émotionnel. Parce que les émotions nous incitent à penser dans un seul sens. Pas forcément faux, mais dans un seul sens. Du coup, elles nous privent de notre ambivalence et du travail intérieur que nous sommes obligés d’accomplir pour la résoudre. Bien sûr, même sans télévision, nous sommes tentés de prendre ce chemin. Mais elle savonne sacrément la pente !
Le secret professionnel: de l’orgueil à la honte
Les travailleurs du nucléaire sont aujourd’hui en crise (1) . La généralisation de la sous-traitance et la course aux bénéfices des actionnaires conduit à une réduction des opérations de maintenance qui met en péril la sécurité. Beaucoup de ces travailleurs sont obligés d’accepter de cautionner des pratiques qu’ils savent être terriblement dangereuses pour leurs concitoyens. Leur situation est d’autant plus compliquée qu’ils ont été d’emblée impliqué dans le secret. Dès ses débuts, l’industrie nucléaire leur a en effet demandé la discrétion vis à vis d’un public globalement hostile. Ils ont accepté cette situation, mais aujourd’hui, la situation se dégrade. Les secrets de leurs technologies, de bons et glorieux qu’ils étaient, sont devenus une cause d’inquiétude, voire de culpabilité. Certains se demandent : « Faut il continuer à se taire alors que les risques pour la population sont de plus en plus importants ? »
A un moment où un nombre incroyable d’âneries se racontent sur les secrets, cet exemple rappelle qu’il n’existe pas de « bons » ou de « mauvais » secrets et que tout est affaire de circonstances. Mais cette situation vient aussi attirer l’attention sur une forme nouvelle de maladie professionnelle : le secret d’entreprise. Les conséquences physiques des radiations auxquelles sont soumis les travailleurs du nucléaire sont connus depuis longtemps, même si elles restent souvent insuffisamment prises en compte. Aujourd’hui, le problème est d’une autre nature. C’est la légitimité du secret qu’on leur demande de garder qui est en cause. Certains, comme chez Renault, y répondent par un suicide. Une façon, aussi, de s’imposer le secret quand il est impossible de continuer à se taire.
(1) Ce texte est inspiré par un projet de téléfilm développé par Alain de Halleux.
Le psychanalyste peut-il aider un adolescent en difficulté ?
«Pour elle, ces garçons étaient encore de jeunes chiens, exacts de corps, mais erronés dans leurs mots… »
La question peut sembler inappropriée car l’adolescent en difficulté parle peu s’il est inhibé, coincé ou déprimé ou s’il s’exprime c’est par des vociférations, tant il est irritable et volontiers dans l’agir.
La clé des espaces virtuels
Cet été, le mauvais temps aidant, j’ai voyagé dans les espaces virtuels. J’y ai découvert que l’avatar y est aussi indispensable pour y entrer et y interagir que notre numéro de carte bancaire pour retirer de l’argent à un distributeur.
Le mot provient de la religion hindouiste, où il désigne les diverses incarnations du dieu Vishnou sur la terre. Nos technologies numériques sont plus modestes : l’avatar y est la figurine plus ou moins stylisée chargée de nous représenter sur les écrans. Il peut être réduit à une sorte de logo ou enrichi d’un grand nombre de détails personnels. Les petits personnages de MSN qui permettent de repérer si notre interlocuteur est « présent » ou « absent » sont les plus connus. Les plus complexes sont les créatures fantastiques des jeux vidéo par lesquels les joueurs explorent les espaces et interagissent. Mais les étoiles par lesquelles chaque usager d’un site de vente en ligne comme eBay se rend « visible » aux autres en font également partie. Les avatars sont véritablement nos ambassadeurs dans les mondes virtuels.
Le problème est évidemment celui de la place que nous sommes prêts à leur donner. Pour certains, ils ne sont qu’une sorte de clé pour accéder aux espaces qu’ils souhaitent découvrir. Mais pour d’autres, ils sont beaucoup plus : une jeune femme adepte de Second life m’expliquait un jour qu’elle aimait plonger son avatar dans un jacouzi virtuel parce qu’elle « sentait les bulles la chatouiller » !
Sous des allures provocatrices, le problème posé par cette remarque est en fait aussi vieille que les effigies. L’héroïne du film de Bunuel La vie secrète d’Archibald de la Cruz pousse un cri quand le héros touche les seins du mannequin de cire grandeur nature qui la représente ! Est-ce un nouvel épisode des « fluides » du baquet de Messmer, et l’identification aux avatars serait il une nouvelle façon d’être « hystérique » ?
Mort de Jacques Schotte ou la pensée rebelle
Guy Duplat | La Libre Belgique | 20-09-2007
Psychiatre et psychanalyste, il était un des esprits les plus brillants des années 60 et 70.
Avec la mort, mardi à Gand, de Jacques Schotte, c’est une des pages les plus brillantes et les plus excitantes intellectuellement de ces dernières années qui se tourne. Jacques Schotte fut, dans les années 60 et 70, un extraordinaire stimulant de l’esprit, un agitateur d’idées, un enseignant hors pair à l’UCL qui passionnait ses auditoires en leur ouvrant, entre autres, les chemins de la psychanalyse, de Freud à Lacan et Szondi. Il pouvait tenir ses étudiants en haleine cinq heures d’affilée sans un moment de lassitude. Il brassait tant de concepts qu’il s’aidait d’incessants mouvements corporels comme pour les rassembler. Esprit anticonformiste, il était hiver comme été, en toutes circonstances, pieds nus dans des sandales.
Quelle différence y a-t-il entre analyse et analyse didactique?
Question : Une analyse didactique telle que je l’imagine, à savoir une analyse qui ne serait pas dictée par la souffrance et qui proviendrait de quelqu’un ayant des connaissances théoriques relativement importantes, peut-elle se dérouler de façon comparable?