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La face cachée de la violence des jeunes
Une première version de ce texte est parue dans La Libre Belgique 1ier mars 2007
« Je n’ai plus aucun espoir pour l’avenir de notre pays si la jeunesse d’aujourd’hui prend le commandement demain. Parce que cette jeunesse est insupportable, sans retenue, simplement terrible … Notre monde atteint un stade critique. Les enfants n’écoutent plus leurs parents. La fin du monde ne peut être loin. » Hésiode (VIIIe s.av. J.-C.)
Second Life
Internet a dorénavant son miroir : Second Life. Mais cet espace virtuel, persistant et partagé, qui promet à ses usagers « l’extase d’une vie échappant à tout contrainte », n’est pas seulement un gigantesque supermarché du conformisme, y compris sexuel. Il est aussi une usine à transformer à notre insu notre subjectivité. Car c’est bel et bien notre rapport aux autres, au réel et à nous mêmes que nous sommes invités à penser différemment aussitôt que nous y entrons. Tout ce qu’on y vit et fait échappe en effet aux catégories traditionnelles de la présence et de l’absence, du vrai et du faux et même du réel et de l’imaginaire, qui s’y trouvent comme liquidées. Nous ne savons jamais si nos interlocuteurs nous écoutent vraiment – sans parler de savoir avec qui ils se trouvent et ce qu’ils sont en train de faire -, l’épreuve de réalité y perd tout sens parce qu’elle est pratiquement impossible, la relation peut y être fuie à tout moment, sans donner ni raison ni adresse… Rien d’étonnant donc si le déni de la perte et le risque d’addiction y guettent. Un exemple y revient souvent, celui d’une ménagère qui a fait fortune en ouvrant une boutique de prêt à porter où elle vend ses créations numériques. On cite moins celui du travailleur au chômage qui préfère se contenter d’une aide sociale minimale et passer ses jours et ses nuits dans cette société virtuelle plutôt que de chercher à se réinsérer…
Quant à ceux qui souhaitent y développer leur créativité ou leurs relations intimes, il vaut mieux qu’ils sachent que cet espace est sous haute surveillance. Les gestes, paroles et créations de chacun sont observés et archivés par la société californienne Linden Lab, propriétaire du site, qui connaît bien entendu l’identité réelle de tous les usagers. Elle se réserve aussi le droit, à tout moment et sans aucune explication, de fermer votre compte, d’effacer votre avatar d’un simple clic et de s’approprier tout ce que vous avez créé !
Certains y apprécieront la représentation d’une démocratie protégée de tous les débordements extrémistes, d’autres y verront le cauchemar d’un monde dans lequel il est devenu impossible de changer les règles, mais où chacun est invité à se consoler avec l’infinie complexité des situations de proximité…
La double inconstance du suicide
Pourquoi est-il si difficile de parler de son suicide ou de ses idées suicide ?
Dans le cours d’une psychanalyse, il est rare que le sujet évoque des idées de suicide. Il peut parfois évoquer des fantasmes de suicide bien sûr. Mais, il y a quelque chose de contradictoire entre une demande adressée à un analyste et la volonté de se supprimer. L’idée que le psychanalyste en saurait quelque chose ? La demande d’attention de la part du psychanalyste ? La recherche de sa sollicitude ? Le fait d’avoir à payer pour ce que l’on dit ?
Que veut vraiment nous faire entendre Nicolas Sarkozy
Le 22 octobre 1941 à côté de Chateaubriant, Guy Môquet, résistant de 17ans et demi est fusillé. La veille de sa mort, il écrit une lettre à ses proches (voir ci-dessous).
Le 16 mai 2007, Nicolas Sarkozy déclare "Je n’ai jamais pu lire ou écouter la lettre de Guy Môquet sans en être profondément bouleversé (…) Ma première décision de président de la République sera de demander au futur ministre de l’Education nationale que cette lettre soit lue en début d’année à tous les lycéens de France". Cette décision donne lieu à de nombreux débats.
Comme à l’accoutumée, nous publions les interventions de psychanalystes (ici, Elie-Jean Bernard) et, une fois n’est pas coutume, le beau texte d’un enseignant (Pierre Schilli), également paru dans Libération, le même jour
Grégory Lemarchal, héros résilient ?
Grégory Lemarchal, vainqueur de la Star Academy il y a deux ans, est mort des suites de la mucoviscidose il y a quelques semaines. Et la vente de ses disques, qui avaient disparu des rayons spécialisés, a soudain explosé… Grégory Lemarchal est en train de devenir un nouveau héros. Mais que mettre sous ce mot ? Est-ce le héros mythologique des légendes grecques ou le héros tragique et déchiré de la modernité ? En fait, ni l’un ni l’autre. Car un nouveau modèle de héros est arrivé : le héros « résilient ».
Le héros grec participait de la beauté et de l’harmonie du monde. Il pouvait être blessé, mais son intégrité physique, tout comme son idéal, n’étaient jamais altérés. Les héros tragiques qui lui ont succédé étaient bien différents : ils doutaient, pouvaient boiter – comme John Wayne dans les derniers westerns de Ford -, voire être borgne ou manchot, comme ceux que, enfant, je voyais défiler, médaillés et fiers, le jour du 14 juillet. Mais le culte de la perfection corporelle qui règne dans les médias a imposé de faire disparaître ces héros-là aussi. Ou plutôt, il a placé leur handicap au début de leur parcours et non à sa fin. Le héros a connu la déréliction, voire la mort, mais il les a surmontées. Et c’est encore mieux s’il a « rebondi » à partir d’eux, comme Grégory Lemarchal faisant de sa voix assourdie par la maladie l’instrument de son succès et de sa gloire.
C’est ainsi qu’une récente campagne de publicité a pu désigner comme héros des malades cancéreux guéris, mais ne présentant – c’est essentiel ! – aucune séquelle apparente. Le héros contemporain se doit toujours d’être « beau » en fin de parcours, mais plus son handicap aura été grand au début, et plus son mérite le sera aussi.
Le succès posthume de Grégory Lemarchal n’est pas seulement le sien. C’est aussi celui de cette nouvelle idéologie : il a souffert de la mucoviscidose, il a « rebondi », puis il a été terrassé, tel un héros grec, au faîte de sa jeunesse, fixé dans la beauté pour l’éternité. Mais comme toute idéologie, celle-ci a sa face cachée. A lier ainsi la capacité de s’en sortir à la « beauté » – dont le beau visage de Grégory est la dernière métaphore médiatique – que dirons-nous de ceux que les épreuves ont laissé gravement endommagés, physiquement ou psychiquement ?
Vie au travail: Les maillons les plus faibles ne tiennent pas le coup – Entretien avec Benjamin Sahler
Benjamin Sahler s’entretient avec Luc Peillon pour Libération ( 5 juin 2007)
Les suicides liés au travail augmentent-ils ?
L’imbrication entre la vie personnelle et professionnelle est telle qu’il faut rester très prudent. Mais le travail reste le lieu d’une construction identitaire importante. Ce qui n’est plus contesté par personne, c’est qu’on assiste, depuis quelques années, à une montée des difficultés au travail, qu’on retrouve dans l’augmentation des arrêts de travail. On peut également faire l’hypothèse, dans la répétition de suicides sur un même établissement et sur une courte période de temps, d’un phénomène de «contagion», avec l’idée que l’on veut faire passer un message collectif. Il peut donc y avoir, dans ce cas, et au moins symboliquement, une signification en lien avec le travail.
A quelle école appartient mon psychanalyste?
Bien que cette question ne me soit pas souvent posée, j’ai pensé intéressant de la traiter de par les enjeux qu’elle soulève. Elle peut être évoquée dès le premier contact téléphonique ou lors du premier entretien. Parfois elle survient chemin faisant alors que l’analyse progresse.
Mais il est vrai que le plus souvent elle ne préoccupe pas le patient : j’y reviendrai.
L’humour de transfert
Parler d’humour dans le déroulement des cures psychanalytiques semble à la mode. La théorie freudienne, qui rapporte l’humour au surmoi, est là pour conforter ce point de vue. Le surmoi, dites vous ? Mais n’est ce pas justement l’instance interdictrice et inspiratrice de culpabilité, notre père fouettard intériorisé ? Oui, c’est vrai, mais seulement en partie. Le surmoi n’a pas que cet aspect interdicteur hérité des premières relations de l’enfant avec ses parents, il en a aussi l’aspect apaisant et consolant. Lorsqu’on ne peut rien changer à la réalité d’une expérience pénible, l’humour permet de changer le regard qu’on porte sur elle. Ses instruments privilégiés sont, on le sait, le double sens et le sous entendu.
Le problème est qu’un patient, au cours de son analyse, est plongé dans un état que Freud a appelé « transfert ». Au risque de caricaturer, disons qu’il a tendance à écouter son analyste un peu comme un enfant écouterait un parent. Or un enfant a beaucoup de difficulté, comme tous les parents le savent bien, à manipuler le double sens. Et le patient en analyse va souvent perdre cette capacité qu’il peut pourtant utiliser pleinement dans les autres moments de sa vie. Une patiente, qui avait coutume d’amener à son analyste des articles de journaux sur un certain sujet qu’elle pensait l’intéresser, un jour n’en amena pas. Son analyste lui dit en souriant. « Tiens aujourd’hui, il n’y a pas d’article ». La patiente pensa qu’il en voulait encore et continua donc. A la fin de la cure, son psychanalyste lui appris qu’il avait mal supporté cette situation, et qu’il avait cru, de cette façon, le lui faire comprendre… L’humour, qui consiste souvent à dire une chose pour faire comprendre le contraire, est d’un usage difficile en cure. Les analystes qui ont envie de l’employer feraient bien de s’essayer d’abord entre collègues. Ils y découvriraient les ambiguïtés d’un discours qui se veut subtil parce qu’allusif, et qui n’est souvent qu’une source de quiproquos sans fin.
Si petits et déjà si dangereux
Ce texte est paru dans Libération le 30 mai 2007
Après l’Inserm et Sarkozy, c’est au tour de la Fondation MGEN d’inquiéter avec son questionnaire sur «la santé physique et mentale» des élèves.
L’inconscient est il compatible avec la liberté humaine?
Un psychanalyste français, nommé Félix Guattari, a un jour expliqué qu’il n’existait que des formules d’inconscient. L’inconscient est, par définition, inaccessible à la conscience : nous ne pouvons que le déduire de la façon dont on suppose qu’il se manifeste dans notre conscient (les fameuses formations de l’inconscient).