Pourquoi la psychanalyse est dite laïque ? par Monique Liart et Karel Lambers
A quoi ça sert de rêver ?
Il y a cet état qu’on nomme sommeil, où nous ne sommes pas conscients de nos pensées et de nos sentiments, où la relation perceptive avec le monde est suspendue, où – en principe ! – la motricité ne s’exerce plus. Et pourtant il s’y passe des choses…
Le psychodrame, un drame ?
Psychodrame au Parlement ou à Beyrouth, titrent les journaux… Contrairement, à ce que véhiculent les médias, le psychodrame est une méthode psychothérapeutique qui n’a rien de dramatique. Tout commence même par une histoire d’enfants :
Que penser d’un psychanalyste qui a des relations sexuelles avec une analysante ?
La psychanalyse est-elle compatible avec n’importe quel régime politique?
Je vais essayer d´expliquer ce qui s´est passé en Argentine avec la psychanalyse. Et ce face aux situations politiques créés par des régimes militaires et plus particulièrement ce qui s’est passé avec la dernière de nos dictatures militaires.
Pourquoi le psychanalyste parle-t-il si peu ?
La psychanalyse est-elle compatible avec les traitements Méthadone ?
Quelle est la formation d’un psychanalyste ?
Le psychanalyste est-il toujours assis derrière un divan?
La psychanalyse peut-elle dire quelque chose du politique ?
Un livre, un divan et un débat
Des questions que les psychanalystes ne peuvent plus éluder
En finir avec la psychanalyse?
Paru dans Libération, le 13 septembre 2005
Nouvelle offensive, ces temps-ci, contre la psychanalyse : «livre noir (1)», dossiers «noirs» et vieux procès, toujours le même, les mêmes arguments qu’on opposait déjà à Freud. C’est donc un rituel. Périodiquement on dira : «Mais vous ne l’avez pas vraiment guéri !» ou bien : «Vous interprétez le rêve dans le sens qui vous arrange !»
Ces mages noirs qui rêvent d’enterrer la psychanalyse
Une nouvelle chasse aux sorcières
[B] Manifeste pour la Psychiatrie par le Collectif POPP
A propos du Livre noir de la psychanalyse
Le 1er septembre paraît aux Arènes un ouvrage collectif intitulé Le livre noir de la psychanalyse. Vivre, penser et aller mieux sans Freud. Catherine Meyer en est l’éditrice responsable avec la collaboration de Mikkel Borch-Jacobsen, Jean Cottraux, Didier Pleux et Jacques Van Rillaer.
Dans cet ouvrage, les freudiens sont mis en accusation : ils ont, dit-on, envahi les médias à coups de propagande et de mensongesSont brocardés avec une rare violence tous les représentants du mouvement psychanalytique depuis ses origines : Melanie Klein, Ernest Jones, Anna Freud, Bruno Bettelheim (etc) et, pour la France, Jacques Lacan, Françoise Dolto, leurs élèves et les principaux chefs de file de l’école française (toutes tendances confondues, IPA et lacaniens).
Un beau miriage gay ?
Nouveaux réseaux, nouveaux désirs
Si les nouveaux réseaux permettent de satisfaire des désirs qui ont toujours existé, ils en satisfont aussi de nouveaux.
1. Immédiateté
Internet correspond – tout comme le téléphone mobile – au désir de pouvoir joindre nos interlocuteurs et d’être joint par eux en tous lieux et à tout moment. C’est parfois une vraie forme d’avidité relationnelle ! Beaucoup de nos contemporains manifestent des signes d’intolérance à ne pas pouvoir joindre leur interlocuteur aussi vite qu’ils le voudraient…
Cette avidité produit d’ailleurs des messages de plus en plus brefs. On connaît les nombreuses abréviations des SMS. Le nouveau réseau Twitter qui impose que le message fasse moins de cent quarante et un caractères, renforce encore cette tendance à l’abréviation.
2. Universalité
Avec Internet tout est adressé à tous, autrement dit à personne précisément. Chaque message ressemble à une multitude de petites bouteilles contenant toutes le même message, jetées à la mer dans l’attente qu’un ou plusieurs interlocuteurs s’en emparent. Mais ce désir d’élargir ses relations à la planète entière s’accompagne souvent d’un paradoxe : après être allé explorer le plus lointain et le plus différent de soi, l’internaute se retrouve souvent à se rapprocher finalement de gens qui partagent les mêmes goûts et les mêmes préoccupations que lui !
3. Intéresser plutôt que communiquer
La plupart des échanges engagés dans les espaces virtuels répondent à la règle qui est celle de Google. Cette règle consiste à faire apparaître en premier les espaces ou les productions qui recueillent le plus grand nombre de consultations. Que celles-ci se soient accompagnées de plaisir, de dégoût ou de colère n’a aucune importance. Seul compte le nombre de visites. Appliquée aux nouveaux réseaux sociaux, la règle de Google consiste à vouloir se faire remarquer à tout prix. Le nombre d’interlocuteurs attirés importe bien plus que le jugement de chacun d’entre eux.
4. Identités simultanées
L’usage des pseudonymes sur Internet facilite incontestablement la possibilité d’avoir plusieurs identités – voire plusieurs vies en parallèle. D’une certaine façon, cela a toujours existé. Un homme pouvait par exemple avoir un rôle de leader dans son club de sport, être un employé soumis à son travail, un humoriste avec ses amis, et un mari passif dans sa vie de couple. Mais ces diverses identités étaient successives et cantonnées chacune à un espace différent. Ce qui est nouveau, c’est que toutes ces existences peuvent apparaître en même temps sur l’espace d’Internet, et fonctionner de manière simultanée.
Nouveaux réseaux : des désirs vieux comme le monde
1. Valoriser ses expériences quotidiennes
Raconter sur Internet les événements petits et grands de sa vie répond au vieux besoin humain de valoriser ses expériences et de leur donner du sens. C’est ce qui nous pousse chacun à nous raconter, à des proches, à des amis, dans des livres ou à la télévision. Cela donne plus de valeur à notre vie.
2. Se cacher et se montrer à volonté
Se raconter est une façon de se montrer. Mais pouvoir se cacher quand on en a envie est tout aussi important. L’anonymat sur Internet et la possibilité de disparaître à tout moment satisfait cette attente. En fait, le désir de se cacher et celui de se montrer sont moins opposés que complémentaires. Ils contribuent chacun à la construction de l’estime de soi, le premier en valorisant l’intimité, et le second l’« extimité » : j’ai en effet désigné sous ce mot(1) le désir de dévoiler certains aspects de soi afin qu’ils prennent une valeur plus grande par le regard des autres.
3. Etre certain qu’on ne m’oublie pas
Avoir beaucoup d’amis sur les réseaux assure l’internaute qu’on ne l’oublie pas. Le désir qu’un grand nombre de gens pensent à moi de temps en temps remplace ainsi celui qu’une seule personne pense à moi tout le temps. Ce désir de n’être jamais oublié inclut aussi parfois une préoccupation altruiste. Sur Internet, de nouveaux espaces proposent ainsi des échanges de recettes de cuisine, et sur Second life, il ne manque pas d’usagers prêts à expliquer aux nouveaux venus le fonctionnement de cette grande communauté virtuelle.
3. Maîtriser la distance relationnelle
Trop près, nous nous angoissons de perdre notre liberté, mais séparés, nous craignons l’abandon. Les nouveaux réseaux permettent de moduler à volonté cette distance : on peut s’y rapprocher beaucoup, intellectuellement et émotionnellement, tout en restant physiquement inatteignable, voire totalement protégé par l’anonymat.
Bref, rien de bien nouveau sous le soleil… de ce point de vue tout au moins, car ces nouveaux réseaux sociaux changent aussi beaucoup de choses. La suite bientôt.
Lettre ouverte concernant l’autisme
Depuis plusieurs années, quelques rares parents d’enfants autistes règnent dans le monde des associations de parents d’enfants autistes par la terreur, les dénonciations, les calomnies ad hominem et la manipulation médiatique. Jusqu’à présent, nous étions un certain nombre de professionnels de la pédopsychiatrie à y voir le signe d’une souffrance telle qu’en vivent tous les parents dont un enfant est touché par une maladie, un handicap ou une difficulté majeure qui met en jeu son présent et son avenir. Entre-temps, les pratiques et les prises en charge éducatives, pédagogiques et thérapeutiques ont progressé quelquefois de manière notable, notamment en ce qui concerne les neurosciences, mais aussi les techniques éducatives et les psychothérapies intensives.
Lettre ouverte concernant l’autisme
Avantages et inconvénients de considérer le jeu vidéo comme une addiction
La prévention de la violence par le jeu de rôle à l’école maternelle
Recherche de Serge Tisseron et coll. (Université Paris X) La violence des jeunes est un problème qui préoccupe tous les pays industrialisés, bien qu’il soit difficile de dire que les enfants d’aujourd’hui soient plus violents que ceux d’hier. Les causes sont multiples : sociales, psychologiques, familiales… Et les solutions sont elles aussi multiples : aider les parents en difficulté, mieux valoriser les compétences des jeunes (notamment dans le domaine des nouvelles technologies et des images), mieux les informer sur l’habitat et l’emploi, désenclaver les banlieues, etc.
Les travailleurs du nucléaire malades du secret
Et si Haddock avait parlé à Tintin de ses jeux vidéo ?
Puis Haddock évolue. Tintin l’invite à partager ses enquêtes et lui propose des raisons de vivre. Haddock y est valorisé et devient capable d’émotions plus riches et nuancées. Et ses questions se précisent : : « Qui était mon ancêtre le Chevalier de Hadoque, capitaine de marine sous le règne du roi Louis XIV ? ». J’imagine que s’il avait joué aux jeux vidéo, il se serait alors orienté vers des jeux qui lui auraient permis d’aborder ces questions de façon ludique. Il aurait pu jouer à Pirates et diriger un navire dans la mer des Caraïbes au XVIIIè siècle en s’identifiant à Hadoque ou à Rackam le Rouge. Ou bien se familiariser, dans Complot à la Cour du Roi Soleil, avec le père probable de son ancêtre, le roi Louis XIV lui-même !(1) Bref, il se serait rapproché de son histoire familiale à travers les espaces virtuels, avant que Tintin, que rien n’éloigne jamais de la réalité, ne l’invite à partir à la recherche de son ancêtre « pour de vrai ».
Si nous sommes thérapeutes, c’est ce passage du jeu compulsif vers le jeu narratif que nous devons favoriser et accompagner chez les joueurs excessifs. Et certainement pas établir des programmes de réduction de consommation comme avec les substances toxiques qui ne sont jamais porteuses de sens en elles mêmes. Et pas non plus en jouant avec eux, tout au moins en consultation individuelle : dans une entretien psychothérapique de 30 à 35 minutes, comment voulez vous avoir le temps, à la fois, de jouer ET de parler. Car malheureusement, c’est bien le temps dont nous pouvons disposer, tant en pratique publique que privée. Les contraintes qui nous sont imposées nous obligent à choisir. Et si le jeu prend 20 minutes – comment jouer moins longtemps ? -, il en reste bien peu pour construire cet espace potentiel narratif où le joueur peut prendre du recul par rapport à son jeu. Car il faut du temps à l’adolescent pour construire la mythologie à la fois personnelle et familiale dont il a besoin pour passer de l’enfance à l’âge adulte.
Et si Haddock avait connu les jeux vidéo ?
Les joueurs excessifs partagent souvent ces caractères. Il n’est pas rare qu’ils souffrent d’un état dépressif associé à un défaut d’estime d’eux mêmes, et nombre d’entre eux ont un tonus psychique de base défaillant qu’ils cherchent à compenser dans des pratiques extrêmes. On imagine facilement le capitaine Haddock cherchant à oublier ses malheurs en jouant jour et nuit à World of Warcraft dans la cabine du Karaboudjan dont il a abandonné la direction à son second Alan…
Pourtant, il existe deux différences importantes entre un alcoolique et un joueur de jeu vidéo excessif. La première, c’est Tournesol qui nous l’indique. Dans Tintin et les Picaros, il introduit dans la nourriture du capitaine une substance qui lui rend l’alcool insupportable. C’est que l’alcool est une substance toxique et qu’un autre toxique (ou si on préfère une autre drogue) peut s’opposer à ses effets physiologiques. Rien de semblable dans le cas des jeux vidéo. Il n’existe aucun médicament qui puisse en dégoûter… Autrement dit, il n’existe pas de dépendance physique chez le joueur excessif, et c’est une différence importante. Elle justifie à mon avis qu’on parle, à propos du jeu excessif, de compulsion plutôt que d’addiction.
Mais il y existe une autre différence entre l’alcool et les jeux vidéo. Ces derniers peuvent être utilisés comme un espace de construction du sens. Bien sûr, ce n’est pas le cas à chaque fois. Il existe en effet deux façons de jouer qui correspondent à deux formes d’interaction possibles : sensori-motrices et narratives. Les premières placent au centre les sensations et la répétitivité, tandis que les secondes encouragent l’identification et l’empathie : le joueur est invité à avoir des sentiments « pour » et « avec » les personnages avec lesquels il joue. Dans cette seconde façon de jouer, la préoccupation narrative est centrale. Et elle est à la fois historicisante et oedipianisante, c’est-à-dire structurante. C’est pourquoi les jeux vidéo accompagnent si bien de nombreux adolescents dans le passage de l’enfance à l’âge adulte.
Si Haddock avait été accro aux jeux vidéo, je fais donc l’hypothèse que sa façon de jouer aurait évoluée au fil des albums. Parce qu’il est désespéré et honteux, il aurait d’abord joué de manière compulsive, pour oublier. Puis, au fur et à mesure de son évolution, il aurait joué de façon plus historicisante et narrative. Et en retour, cette pratique lui aurait permis d’aller mieux en favorisant la mise en scène de son histoire personnelle et familiale…