C’est quoi au juste le transfert ?
La psychanalyse, ça marche hors occident ?
Et la psychanalyse pour des personnes atteintes de troubles psychotiques?
Les traitements psychanalytiques des personnes présentant des troubles psychotiques a fortement évolué ces dernières années. Il faut tout d’abord rappeler qu’ils existent depuis le début du XXe siècle, avec quatre caractéristiques principales:
C’est quoi au juste le transfert?
La psychanalyse tarit-elle la créativité ?
La psychanalyse: pratique clinique ou conception de l’homme et de la société ?
Depuis son invention la psychanalyse est intéressée par les questions de société. Même les détracteurs de Freud le reconnaissent implicitement, qui encore de nos jours lui reprochent d’avoir inventé ses théories à partir des préoccupations des bourgeois du XIXème siècle et qui ne seraient par conséquent plus valables pour notre société postmoderne.
La psychanalyse est-elle dangereuse pour les enfants ?
Être psychanalyste dans un hôpital, est-ce possible?
Je parlerai au départ du lieu de ma pratique professionnelle : une unité d’hospitalisation psychiatrique qui accueille les expressions diverses et multiples de la psychopathologie d’aujourd’hui (dépressions sévères, accès psychotiques, assuétudes, etc.).
La psychanalyse se soucie-t-elle de guérison ?
Combien de temps dure une séance d’analyse ?
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Conversations psychanalytiques | Ignacio Garate-Martinez
Conversations psychanalytiques de Ignacio Garate-Martinez (Editions Hermann)
Loin d’être hermétique, la frontière entre « écrivain et psychanalyste », ainsi que se définit l’auteur, regorge de multiples passages clandestins. Celui, par exemple, qui ouvre un chemin entre « conversation » et conversion – analytique s’entend – se donne juste la peine de modifier un signifiant de la lettre. De conversation à conversion, il n’y a, si l’on ose dire, qu’un pas de « ça » à franchir ! Il en va ainsi de ces « conversations psychanalytiques » proposées par Igniacio Garate-Martinez, survenues entre 1982 et 2003 et qui semblent « tracer » l’empreinte de son propre passage des « années d’apprentissage au « bord de la maturité » de sa pratique analytique. Et lorsque l’on trouve parmi ses « sept interlocuteurs », des figures aussi historiques de la psychanalyse que celles d’Octave et de Maud Mannoni, Michel de Certeau, Xavier Audouard, Joël Dor ou Ginette Michaud, le sentier vicinal devient une allée royale. Et si, malgré toutes ces alléchantes mentions, le lecteur hésitait encore, la puissance poétique du style, la profondeur de l’échange, l’authenticité du propos dès les premières pages de cet ouvrage récemment paru chez « Hermann Psychanalyse », achèveraient de le convaincre de s’engouffrer dans le monde de l’intériorité analytique et de la réflexion sur le sens d’un parcours. Une réflexion toujours bornée par la dimension humaine.
L’enfant qui s’est arrêté au seuil du langage | Henri Rey-Flaud
Blog Addiction: Faut-il craindre une pénurie de joueurs de jeux vidéo ?
Les chercheurs spécialisés en « addiction aux jeux vidéo » risquent-ils de manquer de matière première ? C’est ce qu’on peut craindre quand on voit le nombre de chercheurs en quête de joueurs à tester ! Portés par les médias qui ne cessent pas de parler « d’addiction » pour parler d’habitudes – ils ont inventé récemment « l’addiction à l’automobile » ! -, certains ’addictologues rêvent de renforcer leur spécialité en surfant sur les angoisses des parents. Les voila donc partis pour montrer que « l’addiction aux jeux vidéo » serait la nouvelle hydre de demain. Hélas pour eux, les patients ne suivent pas. Paris, avec sa grande couronne, est plutôt bien lotie : une petite cinquantaine, de patients suivis, mais dont beaucoup présentent une pathologie psychiatrique sous jacente grave. Mais par exemple, sur l’ensemble de la Bourgogne, cinq joueurs excessifs adultes sont recensés et suivis, dont deux avec une pathologie dépressive sévère qui fait passer la question des jeux vidéo au second plan. Alors, pourquoi une telle mobilisation pour un problème aussi mince ? La raison principale n’a évidemment rien à voir avec la médecine et tout avec le marketing. Ces recherches sont destinées à obtenir une augmentation des crédits, de recherche, des postes et des locaux dans une logique de croissance institutionnelle.
Il y a peut-être toutefois une solution. Que les chercheurs retournent leurs instruments sur eux-mêmes. Après tout, Bruno Latour l’a fait en sociologie, en appliquant les méthodes de sa discipline à l’étude du fonctionnement d’un grand laboratoire de recherche. Pourquoi ne pas faire la même chose avec l’outil psychologique ? On pourrait par exemple, faire passer divers tests de psychologie à des chercheurs en addictologie, à des psychiatres et à des psychanalystes, et comparer dans ces diverses populations la construction du narcissisme, le contrôle de l’impulsivité, les formes de l’empathie, ou encore le rapport à la transcendance…
Au moins, ce serait novateur. Je suis prêt à soutenir tout programme de recherche dans ce sens !
Pas de console de jeu avant six ans ?
Certains pédagogues, et quelques commerciaux avides de s’ouvrir de nouveaux marchés, proposent de mettre l’enfant de plus en plus tôt sur les outils informatiques. On a vu même vu des pédiatres vanter les mérites de la console de jeu pour les bébés ! Mus par la même idéologie, des enseignants des maternelles rêvent de mettre les bambins devant des ordinateurs ! Tous ces adultes pressés d’initier les jeunes enfants à l’outil informatique devrait réfléchir à la leçon d’Adobe* . Installer sur un ordinateur un enfant qui n’a pas encore exploré toutes les capacités merveilleuses de sa main risque bien de l’en priver définitivement. Il deviendra l’un de ces « handicapés » dont nous parle l’expérience d’Adobe, voire un handicapé plus gravement mutilé encore puisqu’il ne s’agira pas d’un adulte qui aura fini par oublier les richesses de sa main, mais d’un enfant qui ne les aura jamais découvertes.
La leçon de tout cela ? C’est qu’il est non seulement inutile d’introduire un enfant trop tôt aux technologies informatiques, mais même dangereux. D’autant plus inutile qu’un enfant qui les découvre à six ou sept ans a vite fait de les assimiler, et d’autant plus dangereux que celui qui y est initié trop tôt risque de se détourner du dessin, du découpage et du modelage qui sont autant d’école des pouvoirs de la main. On sait la lutte que j’ai menée contre la télévision avant trois ans. Les technologies informatiques me semblent justifier la même prudence. C’est pourquoi après « Pas de télé avant 3 ans ! », je suis tenté de dire : « Pas de console de jeu avant six ans ! Pas d’Internet avant 9 ans ! ». Cela signifie t il que la télévision et son flux publicitaire soit sans conséquences au-delà de trois ans ? Non, bien sûr. La vigilance doit rester forte pour cadrer le temps passé devant la télévision, puis devant les jeux vidéo, et enfin devant Internet. Mais c’est bien parce que je juge de la plus haute importance les acquisitions rendues possibles par ces divers média qu’il me semble important de ne pas les introduire trop tôt : afin que leur adoption et leur usage aient pu être préparées par les apprentissages précédents.
* Voir mon billet de la semaine dernière : « Créez avec vos mains, et pas d’un clic ! »
« Créer de vos mains, pas d’un clic ! »
La firme américaine Adobe, spécialisée dans la création de divers logiciels – dont le fameux Photoshop utilisé sur la planète entière par les retoucheurs de photographies – vient de faire une découverte passionnante* . Ses employés, pour la plupart informaticiens de haut niveau, seraient des handicapés ! Mais que leur manque-t-il donc ? Ont-ils perdu l’usage de l’ouïe, des jambes ou de la voix, ces cadres rivés à leur écran pour inventer les logiciels qui nous permettront de nous déplacer dans les mondes virtuels de demain ? Non, mais c’est pire. Ils ont perdu l’usage de leurs mains ! Habitués souvent depuis leur adolescence à cliquer de l’index sur le bouton d’une souris, ils ont fini par oublier que la main est le premier outil que l’homme se soit donné pour transformer le monde, et qu’il reste incontestablement le plus polyvalent. N’est il pas le seul à pouvoir créer toutes sortes de prolongements qui lui donnent des possibilités pratiquement infinis ? Bref, les informaticiens d’Adobe auraient fini par croire que le premier outil de l’homme est la souris, alors que la créativité trouve sa source principale dans la main.
Leur direction de cette firme a donc ouvert pour ses employés des ateliers de rééducation placés sous le slogan : « Créez de vos mains, pas d’un clic ! ». Réunis par petits groupes autour d’une table, ils sont invités, comme des enfants en classe d’éveil, à fabriquer de menus objets avec des perles, du fil métallique, et bien sûr des circuits intégrés et des écrans miniatures. Car il ne s’agit pas de faire oublier à ces informaticiens de haut niveau que leur job est d’imaginer les technologies de demain, mais de leur rappeler que c’est en utilisant leurs dix doigts, et en créant dans l’espace réel, qu’ils ont le plus de chance de mettre demain au point des logiciels vraiment innovants.
La leçon devrait être méditée par les parents et les pédagogues. A quel âge faut il réserver l’initiation à l’informatique pour ne pas courir le risque de transformer les enfants en handicapés de leurs dix doigts ?
* Article du New-York Times paru dans le Cahier Supplément du Monde daté du samedi 13 septembre. Titre original : « Using Hands to Create, Not Click ».
L’année psychanalytique internationale 2008
Le joueur et son jeu : êtes vous sensori moteur ou narratif ?
Faut il interdire aux addictologues de s’occuper des joueurs de jeu vidéo ?
Quand des psychanalystes jouent à « Little Brother »
Une mode se répand dans les médias et l’édition. Elle consiste à tenter de deviner les pensées secrètes de nos dirigeants politiques. Disons-le tout net, cette mode est exécrable. Quelle différence y a-t-il en effet entre le rêve des scientifiques qui travaillent à mettre au point des machines permettant d’entrer dans les pensées secrètes des suspects, et cette mode désastreuse qui prétend deviner le fonctionnement mental de tel ou tel ? Dans les deux cas, c’est un fantasme, et un fantasme particulièrement malsain.
Il ne s’agit pas d’une condamnation de principe. A l’époque de Freud, cela pouvait passer pour une fantaisie amusante – à laquelle Freud, ni ses proches élèves, ne se sont d’ailleurs jamais livrés sur leurs contemporains. Mais la culture a changé. Dans les années 1980, on a pu craindre l’avènement d’un contrôle généralisé de chacun par un pouvoir centralisé. Mais ce risque est peu probable dans nos sociétés démocratiques. En revanche, un autre, que j’ai dénoncé dès 2001[1], est de plus en plus menaçant. Il s’agit de la mise en place d’une surveillance de particulier à particulier : des enfants par leurs parents, des jeunes par les directeurs d’établissements scolaires, des conjoints supposés infidèles par leur mari ou leur femme, des employés par leur patron et des consommateurs par des sociétés de publicités ciblées. Il y a plus de danger, aujourd’hui, dans cette tendance générale à prétendre surveiller et analyser que dans la mise en place d’un totalitarisme centralisé, genre « Big Brother ».
Disons le alors clairement : le désir de s’immiscer dans les pensées secrètes d’un inconnu à partir de ce qu’il montre relève toujours d’une logique intrusive et d’un désir d’emprise qui est aux antipodes de l’esprit de la psychanalyse. C’est bien entendu la même chose lorsque la personne observée est un créateur. C’est pourquoi les vrais psychanalystes ne s’intéressent pas aux créateurs, mais à leur œuvre, ce qui est bien différent.
[1] L’intimité surexposée, Paris, Ramsay, 2001 (Prix du livre France Télévision 2002, rééd. Hachette Littérature 2002).
L’arbre de la création et la forêt de la résilience
Je suis tombé par hasard cet été sur un article évoquant la résilience des stars, et j’y ai retrouvé la légende dorée qui fait le succès de ce mot depuis dix ans : elle y était présentée comme la façon de surmonter un traumatisme par la création. Ma réserve ne porte pas sur le fait que cela existe – bien que ce soit beaucoup plus rare que ce que les médias tendraient à nous le faire croire -, mais sur la place exclusive donnée à ce mécanisme, comme si « surmonter un traumatisme par la création » excluait d’utiliser, parallèlement, d’autres moyens… moins valorisés.
En fait, la reconstruction d’une personnalité gravement endommagée par un traumatisme évoque plutôt un épais maquis d’espèces végétales différentes qu’un arbre unique portant des créations magnifiques. Car sur le territoire psychique dévasté du traumatisme, il ne pousse pas une seule catégorie de plantes, mais plusieurs, un peu comme après un incendie de forêt, la végétation se reconstitue dans un enchevêtrement de pousses concurrentes et complémentaires. Nous pouvons en distinguer au moins cinq formes. La première passe par la mise en place de comportements sexuels dits « pervers » – comme le sado-masochisme – qui sont une façon de tenter de réinvestir érotiquement le scénario du traumatisme. Une seconde variété de reconstruction après un traumatisme consiste dans une vie en tous points normale, mais entrecoupée de comportements étranges et imprévisibles qui envahissent régulièrement le sujet traumatisé et qui peuvent gravement perturber son entourage. Dans ces moments, il mélange le passé et le présent et rejoue à son insu les comportements et les paroles vécus au moment du traumatisme. Une troisième forme de reprise de la vie psychique après une catastrophe consiste en une large palette de comportements destructeurs par lesquels celui qui s’est un jour approché de la mort flirte maintenant avec elle, qu’il s’agisse de celle d’autrui (c’est ce que certains appellent la perversion morale) ou de la sienne propre (notamment dans les diverses formes de toxicomanie). Une quatrième forme de reconstruction de soi consiste dans l’amour de son traumatisme, bien connu des professionnels du soin : le sujet traumatisé se plaint sans cesse, mais ne veut surtout pas guérir car rien ne peut, à ses yeux, remplacer l’intensité de ce qu’il a un jour éprouvé. Enfin, la création est la cinquième manière par laquelle un sujet traumatisé peut se reconstruire. Elle est encore une forme d’amour du traumatisme puisque le créateur rouvre sans cesse ses plaies pour en nourrir son œuvre, mais, à la différence de la précédente qui provoque le repliement sur soi, celle-ci ouvre aux autres et favorise la création de liens.
Ces diverses attitudes coexistent le plus souvent entre elles[1], c’est pourquoi les personnalités qui ont surmonté un traumatisme dans la création sont si souvent difficiles à vivre, et portées à des épisodes de violence et/ou d’autodestruction. Ce n’est pas parce qu’elles ne seraient pas suffisamment « résilientes », c’est parce que la perversion, le sadisme et la violence font aussi partie des processus habituels de reconstruction après un traumatisme. On peut rêver que ce ne soit jamais le cas, mais les faits sont têtus…
[1] Pour des exemples de telles coexistences, voir Tisseron S., La Résilience, PUF, Que sais-je, 2007.