Faut-il s’empêcher de lire des textes psychanalytiques ?

Question : Dans le livre « Les mots pour le dire » de Marie Cardinal, il est tout à fait déconseillé de s’informer sur la psychanalyse et de lire des textes, tout ça pour favoriser le fait d’utiliser ses propres mots. Etes-vous d’accord avec cela, faut-il s’empêcher de lire sur ce sujet ?

Patient à venir, patient en cure, que cherche-t-on dans les ouvrages spécialisés si ce n’est soi ? Le profane en attend d’être renseigné sur sa souffrance, sur les difficultés qu’il éprouve, leur diagnostic, le pronostic, leur interprétation et, au fond, la manière de s’en débarrasser.

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Celui qui va chez un psychanalyste, c’est un patient, un analysé, un analysant ?

Question qui n’est pas sans importance, si l’on considère que les mots font la réalité, donnent forme et existence aux choses !

Le mot patient signifie en latin « celui qui pâtit, celui qui souffre », et s’inscrit dans le registre médical. On est dans le soin, et le médecin va donc soulager son patient des maux qui le font souffrir. Nous sommes dans un discours médical, le médecin est l’agent du soin et le patient l’objet des dits-soins. Les fameuses plaintes des médecins sur la non-compliance des patients illustrent suffisamment cette relation où l’un est l’objet (de soin, certes, mais objet quand même) de l’autre.

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Comment les psychanalystes peuvent-ils aider les enfants autistes et leurs familles?

L’autisme est un trouble du développement dont l’étiologie précise encore inconnue, est quasi certainement plurifactorielle. Une prédisposition à base biologique est très probable, tout autant que son caractère inné décrit dès le départ par Leo Kanner en 1943. La gravité du trouble, tout autant que la grande diversité des profils cliniques des enfants  présentant des troubles de la relation, de la communication et des intérêts, a motivé des recherches variées dans tous les métiers concernés par le soin aux enfants. Après soixante ans de travail, il semble que nous puissions maintenant concevoir une synthèse des monceaux de connaissances accumulées dans les nombreux domaines concernés par les troubles du développement.

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Quels sont les effets de l’analyse ?

Les raisons qui poussent une personne à formuler une demande d’analyse recouvrent une multitude de variantes : des échecs dans la sphère affective qui s’accumulent sans cesse, des peurs injustifiées qui freinent et limitent nos propres actions, la présence de symptômes qui empêchent l’atteinte de certains objectifs, etc. Nous nous arrêtons ici, car la liste est longue. Certains de ces états psychiques se retrouvent dans différentes modalités de fonctionnement psychique, tandis que d’autres caractérisent seulement certaines modalités de fonctionnement psychique. Par exemple, les échecs dans la sphère affective qui s’accumulent sans cesse peuvent se retrouver dans une modalité de fonctionnement hystérique ou obsessionnel, tandis que l’obsession envers la propreté se retrouve surtout dans une modalité de fonctionnement obsessionnel. Les raisons qui poussent les personnes à formuler une demande d’analyse sont, plus ou moins, conscientes, en revanche les modalités de fonctionnement psychique sont complètement inconnues. Une analyse devrait permettre de familiariser avec sa propre modalité de fonctionnement psychique qui est le tissu où se sont nouées les raisons qui poussent une personne à formuler une demande d’analyse. Après cette brève introduction, je vais essayer de dessiner les contours, en grandes lignes, des effets d’une analyse.

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C’est toujours la faute des mères ?

Pourquoi choisit-on une voie, une spécialité dans le domaine psychanalytique comme dans d’autres ? Le hasard n’explique pas tout, nous le savons bien et il arrive que les circonstances nous mettent en relation avec une catégorie de personnes qui provoquent en nous un écho avec notre histoire, notre inconscient.

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Ce que je dis à un psychanalyste, reste-t-il confidentiel ?

Cette question touche un point d’éthique qui fonde ma pratique, la pratique de la psychanalyse. Car, y a-t-il aujourd’hui d’autres lieux où se garantit la confidentialité de la parole énoncée ? Dans nos sociétés modernes, où le phantasme de transparence rejoint la pratique de l’évaluation statistique, même le secret médical est contesté, et on y parle de la nécessité d’un « secret partagé » avec les services sociaux.

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En quoi la formation universitaire à la psychologie ne peut elle se réclamer d’une formation psychanalytique et de la technique du transfert ?

Pour répondre à la question ci-dessus, tentons de définir les trois items.

1. La formation universitaire à la psychologie comporte durant les premières années des enseignements obligatoires en neurophysiologie, en statistiques, en anglais, en psychologie sociale, du développement, clinique, pathologique, cognitive et en législation de l’internement psychiatrique, ainsi que des stages en institutions. Certains enseignements, optionnels, sont à choisir parmi des listes. Par exemple, les techniques projectives (Rorchach, TAT), le conditionnement et l’apprentissage, etc.. Le tout est évalué et noté par les enseignants.

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Quelles sont les différentes formes cliniques de la dépression ?

La dépression constitue le trouble psychique le plus répandu : il constitue 50% des cas de consultation psychiatrique et de 20 à 30 % des consultations chez les médecins généralistes où les patients consultent pour des troubles fonctionnels divers, selon les statistiques de l’Organisation Mondiale de la Santé. Cela s’explique par le fait qu’il existe un très large éventail de troubles dépressifs de sévérité croissante.

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Du nécessaire naufrage du moi

Paru initialement dans Le Monde le 24 mai 2007

Dans le monde qui nous entoure, nous nous trouvons toujours, consciemment du moins, "en pays de connaissance" ; les objets, les êtres que nous percevons sont délimités et répertoriés. Nous savons que ceci est un arbre, que c’est Jean, ou à tout le moins "un homme", qui vient à notre rencontre, etc. L’expérience est rare, et toujours troublante, de se trouver en présence de l’innommable, d’une somme brute de sensations radicalement étranges, c’est-à-dire étrangères à notre univers de choses nommées. Le cauchemar parfois affronte cet insensé, et, angoissés, nous nous hâtons d’en sortir.

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I.V.G.

Ce texte est paru sur freud-lacan.com le 14-05-2007

Une étude récente de gynécologues-obstétriciens (1), mentionnée dans Le Monde du 7 décembre 2006, reprise dans le bulletin du Conseil de l’Ordre des Médecins du 3 Mars 2007 rappelle la stabilité du nombre d’Intervention Volontaires de Grossesse chez des mineures, en dépit du développement de l’information sur les méthodes contraceptives : en 2004, 13 400 I.V.G. ont été pratiquées (2). Les résultats de cette étude méritent notre attention car ils cherchent à expliquer cette stabilité en rapportant les facteurs de causalité à un discours scientifique qui en élude la portée symptomatique. Ils relèvent trois facteurs :

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La double inconstance du suicide

Pourquoi est-il si difficile de parler de son suicide ou de ses idées suicide ?

Dans le cours d’une psychanalyse, il est rare que le sujet évoque des idées de suicide. Il peut parfois évoquer des fantasmes de suicide bien sûr. Mais, il y a quelque chose de contradictoire entre une demande adressée à un analyste et la volonté de se supprimer. L’idée que le psychanalyste en saurait quelque chose ? La demande d’attention de la part du psychanalyste ? La recherche de sa sollicitude ? Le fait d’avoir à payer pour ce que l’on dit ?

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Que veut vraiment nous faire entendre Nicolas Sarkozy

Le 22 octobre 1941 à côté de Chateaubriant, Guy Môquet, résistant de 17ans et demi est fusillé. La veille de sa mort, il écrit une lettre à ses proches (voir ci-dessous).

Le 16 mai 2007, Nicolas Sarkozy  déclare "Je n’ai jamais pu lire ou écouter la lettre de Guy Môquet sans en être profondément bouleversé (…) Ma première décision de président de la République sera de demander au futur ministre de l’Education nationale que cette lettre soit lue en début d’année à tous les lycéens de France". Cette décision donne lieu à de nombreux débats.
Comme à l’accoutumée, nous publions les interventions de psychanalystes (ici, Elie-Jean Bernard) et, une fois n’est pas coutume, le beau texte d’un enseignant (Pierre Schilli), également paru dans Libération, le même jour

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Vu du divan

Signe des temps : analysants, psychiatres, analystes en formation tiennent leur blog. Ainsi en va-t-il de Mélie qui nous prête deux fragments. (NdR)

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Normaliser la torture, briser l’éthique

Ce texte, paru le 24 mars 2007 dans le The New York Times, a été traduit par Xavier Rabilloud ( Tlaxcala, le réseau des traducteurs pour la diversité linguistique) 

A l’avant-garde des morts-vivants

Depuis que les aveux saisissants de Khaled Sheikh Mohammed ont été rendus publics, la consternation face à l’étendue de ses crimes demeure mêlée de doutes. Peut-on accorder foi à ses revendications ? Et s’il avait avoué plus que ce dont il s’est réellement rendu coupable, soit pour assouvir un vain désir de laisser le souvenir du grand cerveau du terrorisme, soit parce qu’il était prêt à avouer n’importe quoi pourvu que l’on cesse de le soumettre au « water boarding » ou à d’autres « techniques d’interrogation renforcée » ?

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Quand certains psychanalystes deviennent spammeurs …

A plusieurs reprises nous avons été alertés par de bien étranges sollicitations de "psychanalystes" qui font de la publicité via leur site, leur blog ou encore par l’envoi massif de mails. Dernièrement, un de ces mails a donné lieu à débat sur les groupes de discussions d’Internet. Nous publions la réaction d’une personne ayant reçu un de ces mails [NDR].

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Nous sommes tous des pédophiles allemands

Ce texte est paru en version abrégée dans le Nouvel Observateur n°2215 du 19 au 25 avril 2007

« Je n’ai jamais entendu parler d’un crime que je n’aurais pu commettre moi-même » dit un jour Goethe à Eckermann. Certes, Nicolas Sarkozy n’est pas Goethe. Soyons franc, nous serions déjà bien heureux qu’il fût Eckermann. Et, qu’on se le dise, il ignore en particulier, tout de la pédophilie. « Avoir envie de violer un petit garçon de trois ans ? Est-ce que c’est normal ? » Le 10 avril sur France 2, le candidat à l’élection présidentielle posa la question, et y apporta aussitôt la réponse. Non, ce n’est pas normal, et il n’hésita pas à éclairer cette épineuse question éthique et psychopathologique, d’un « témoignage personnel ». Une telle chose ne lui « a jamais traversé l’esprit ».

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Comme une nostalgie de divan

Du divan, aussi curieux que cela puisse paraître, je garde le souvenir d’une sorte de « villégiature ». Un souvenir printanier sur fond de ciel bleu. Une image de liberté – de vacances, au sens où l’on est vacant, enfin disponible pour soi. Ce qui n’est guère possible lorsque l’on est assailli par les soucis, les angoisses, l’incompréhension d’autrui, les déconvenues dans le travail, les déceptions de la vie amoureuse, ou l’inaptitude à en avoir une (ce qui revient sans doute au même), bref, par ce qui constitue le quotidien d’une vie de névrosé.

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Homophobies psychanalytiques

Cet article a été publié dans Le Monde le mercredi 15 octobre 1999

La reconnaissance sociale du couple homosexuel et, au-delà, de l’accès des homosexuels à la parentalité est l’objet de controverses dans les pays occidentaux. Je laisse de côté ici les calculs politiques qui conduisent les responsables politiques à refuser des droits aux homosexuels pour ne pas heurter la majorité d’une France chrétienne et bien pensante. Je m’intéresserai à un aspect particulier : le mode sur lequel sont invoquées les lumières de la psychanalyse. Je ne peux, en effet, en aucun cas retrouver dans les attendus proférés « au nom de la psychanalyse » ce qui me paraît faire la vérité de la pratique que j’exerce.

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«Charlie Hebdo» : je me souviens

[ Libération | 15/01/2015 ] Je me souviens de ma première rencontre avec Philippe Val sur le plateau de Ripostes, l’émission de Serge Moatti, vers 2002. Nous parlions de l’évolution de la famille et nous défendions l’idée que les homosexuels pourraient un jour se...

«Dieu, c’est un autre nom pour le surmoi»

[ Libération | Propos recueillis par Natalie Levisalles et Éric Loret |  13/01/2015] Auteur de travaux sur la violence, la prison et l’humour, le psychanalyste Jacques André se penche sur l’immense élan collectif qui a suivi les attaques tétanisantes de la semaine...

L’illusion lyrique

[ lepoint.fr | 12/01/2015 ] De Paris, ce dimanche 11 janvier 2015, le matin Qui l’eût cru ? Qui l’eût dit ? La France debout comme un seul homme, ou une seule femme. La France devenue ou redevenue une. La République, courageuse, intrépide, ayant choisi la résistance....

Hommages à Elsa Cayat

[ La croix | 12/01/2015 ] Hommage à la psychanalyste Elsa Cayat par Alice Ferney et Éric Reignier Elsa Cayat était psychanalyste mais aussi chroniqueuse à Charlie Hebdo. Elle a trouvé la mort dans l’attentat du mercredi 7 janvier. Deux de ses patients, l’écrivain...

Règlement de compte à Charlie Hebdo

[ Huffingtonpost | 11/01/2015 ] Un nombre de plus en plus important de directeurs d'établissements scolaires attire mon attention sur de nouvelles formes d'affrontements qui opposent les élèves le lundi matin. En pratique, il s'agit d'élèves qui ont échangé des propos...