Le psychanalyste doit-il se préoccuper de la réalité sociale ?

A la périphérie des grandes villes, sur mon territoire clinique, les pathologies sont criantes. Travail sous contrainte de temps, harcèlement, emploi précaire, déqualification, chômage  sont le lot quotidien des patients de la consultation « souffrance et travail »…Là, entre ces murs, la situation sociale de mes patients ne peut être ignorée. Le réel entre en force dans le matériel clinique. Si le psychanalyste se préoccupe de la situation sociale de son patient, c’est qu’il s’agit bien  d’avoir les moyens de continuer à penser.

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Que penser de l’expression « faire son deuil » ?

Tiré de mon expérience professionnelle où je rencontre des veuves et orphelins de sapeurs-pompiers, je pense intéressant d’aborder le thème de la culpabilité au cours du travail de deuil. En effet, la culpabilité à se reconstruire sans le conjoint décédé, à reprendre vie, à retrouver le plaisir, reste le sentiment dominant. On entend aussi, assez souvent, l’endeuillé exprimer l’idée qu’il a tué le mort. D’où nous viennent ces idées, ces fantasmes ? Quel rapport existe-t-il entre travail de deuil et culpabilité?

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A quelle école appartient mon psychanalyste?

Bien que cette question ne me soit pas souvent posée, j’ai pensé intéressant de la traiter de par les enjeux qu’elle soulève. Elle peut être évoquée dès le premier contact téléphonique ou lors du premier entretien. Parfois elle survient chemin faisant alors que l’analyse progresse.
Mais il est vrai que le plus souvent elle ne préoccupe pas le patient : j’y reviendrai.

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Après 60 ans, à quoi bon entreprendre une psychanalyse?

Freud, en 1904, avait déconseillé d’entreprendre une psychanalyse avec des personnes de plus de 50 ans. Il estimait que la diminution de leur plasticité psychique et l’accumulation de leurs souvenirs ne le leur permettaient pas. Pourtant, en psychanalyse, la liberté de jouer avec tous les fantasmes sans les agir, permet d’espérer acquérir une meilleure plasticité psychique.

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La psychanalyse fait-elle perdre la foi religieuse ?

C’était une des questions que je me posais lorsqu’à vingt ans, je décidai d’entreprendre une première psychanalyse. D’éducation chrétienne, j’étais déjà passionné par l’humain et ce qui se vit en lui aux profondeurs. J’avais donc entrepris simultanément des études de psychologie et de théologie (toutes deux menées à terme) et, très attaché à ma foi religieuse, j’avais posé cette question à un psychanalyste renommé qui se déclarait athée. En bon psychanalyste honnête et respectueux d’autrui, il me répondit que dans le domaine religieux comme dans les autres, ce qui se mêlait à ma névrose personnelle serait analysé comme tel et susceptible de profonde évolution, tandis que ce qui relevait du champ de la conscience mûrirait au fil de l’analyse, y compris dans le domaine spirituel.

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Pourquoi consulter un psychanalyste en cas de chirurgie esthétique ?

Il est rare que les personnes qui demandent une chirurgie esthétique consultent un psychanalyste. De toute façon, nous savons que nous ne pouvons pas instituer une quelconque obligation de consulter un psychanalyste que ce soit pour les urgences en générale ou pour les demandes de chirurgie esthétique plus particulièrement. Un psychanalyste n’est pas consultable par induction, suggestion ou contrainte.

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Une nouvelle figure de la peur

Ce texte est paru dans l’Humanité le 21 octobre 2006

Notre société est actuellement fascinée par la figure du monstre. Celui-ci prend dans les médias deux formes exemplaires : le pédophile et le terroriste. Il suffit d’allumer la télévision pour s’en rendre compte. Ceux-ci captivent le regard du public.

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Lacan : une nouvelle théorie de la connaissance

Jusqu’à Galilée, qui crée la science moderne au dix-septième siècle, l’Occident a vécu sous une organisation du savoir et une théorie de la connaissance (une épistémologie) dont les fondements avaient été érigés deux millénaires auparavant dans le monde gréco-latin. Cette organisation théorique du savoir était centrée sur les sept arts libéraux (c’est-à-dire des arts pratiqués par les hommes libres qui ne travaillaient pas de leurs mains) : ceux-ci était la grammaire, la rhétorique, la dialectique (le trivium, les trois disciplines s’occupant du langage); puis les mathématiques, la géométrie, l’astronomie et la musique (le quadrivium, les quatre arts s’occupant du nombre). Les arts libéraux sont la fondation de ce qu’on appelle aujourd’hui encore l’humanisme.

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Penser la violence hypermoderne ?

Il est très courant, dans les pays démocratiques occidentaux, d’être alarmé par l’augmentation des comportements violents et le sentiment que l’insécurité est grandissante. Pourtant, il n’est pas certain qu’on a ainsi une vision correcte de la complexité des phénomènes de violence dans les univers démocratiques. Ainsi, certains chiffres donnent à réfléchir : en France comme en Belgique, il y a presque dix suicides réussis pour un meurtre.

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Le mal pour être bien

Les raisons qui nous poussent à dévorer un pavé dont le narrateur est un SS.

Comment comprenez-vous qu’on se jette sur ce pavé – Les bienveillantes où le narrateur est un SS? Les lecteurs sont pris entre deux tendances.

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Deuil et psychanalyse

Cette année 2006 voit la commémoration de l’anniversaire de la naissance de Freud. Pourtant, je n’ai pas souvenir que nous ayons fêté les 50 ans de la disparition du père fondateur de la psychanalyse. La France a cette époque replongeait dans les périodes de sa grande Révolution. Dans la même période, le monde voyait en direct le Mur de Berlin s’effondrer ! Mes fonctions en tant que responsable d‘une cellule psychologique pour les veuves et orphelins de sapeurs-pompiers m’ont amené à observer que l’on célèbre plus facilement la naissance d’un grand homme que sa mort. Inversement, c’est plus souvent la mort d’une grande femme que sa naissance qui est commémorée. Aussi, je pense intéressant de nous arrêter quelques instants sur certains aspects du travail de deuil mis en place pour un Père disparu.

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Freud et la gloire de Dieu

Dans ces pages, on peut évoquer Reynders, le Standard, la grève des postes, à peu près ce qu’on veut, sans risquer de prendre une balle perdue. Mais il existe trois sujets qui, même si on les aborde respectueusement, avec modération, font lever des réactions viscérales et des anathèmes : les deux premiers sont le pape, et le conflit isréalo-palestinien. Ils touchent à la religion, une certaine forme de religion, et ce qui gît derrière, c’est la question du rapport au père. D’un rapport perverti, infantilisant, au père. Au “  mon père ”, “ mon fils ”, au mollah, rabbi, abbé, pape, papa.

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Entendre leurs voix

Pour les jeunes, et en particulier ceux des banlieues, l’agressivité masque le désir d’appartenir. Cela fait une trentaine d’années que, pédopsychiatre, je suis en charge de l’aide psychologique destinée aux jeunes des communes de Clichy-sous-Bois et Montfermeil ;

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« La trahison des images » A propos d’un tableau rébus de Magritte

Le tableau est constitué de six cases juxtaposées. Chacune contient à la fois le dessin d’un objet et un mot, l’un et l’autre apparemment sans lien. Il se présente donc comme un rébus énigmatique à déchiffrer

Autisme : la psychanalyse (enfin) contrainte d’évoluer (Article paru dans Libération du 29 février)

Comment en est on arrivé là ? Comment les psychanalystes qui tenaient pratiquement tous les postes de pouvoir à l’université et dans les services de psychiatrie il y a encore une dizaine d’année en sont ils arrivés à être écartés de la prise en charge de l’autisme par la Haute Autorité de Santé ?

La règle « 3-6-9-12 » relayée par l’Association Française de Pédiatrie Ambulatoire (AFPA)

Les écrans sont d’extraordinaires supports de divertissement et d’éducation… mais à condition de les découvrir au bon moment et dans de bonnes conditions. C’est pourquoi j’ai proposé en 2008 la règle « 3-6-9-12 »pour guider les parents sur ce chemin. Or depuis 2011, cette règle est relayée par l’AFPA qui la diffuse largement. Mais qu’est ce que l’AFPA ?

“Le projet Nim”, ou les errances de la science

Connaissez-vous l’histoire du chimpanzé qui fut élevé comme un être humain, perdit sa place chez les animaux et ne la trouva jamais chez les hommes ? Ce n’est pas une fable de La Fontaine, mais une expérience menée aux Etats-Unis entre 1973 et le début des années 1980. Une expérience qui se voulut rigoureuse, mais qui se solda par un immense gâchis, et que nous raconte un film documentaire de James Marsh .